Lutte contre l’excision : Les communautés magnifient le travail de l’Ong Tostan.

 

La lutte contre l’excision est en train de porter ses fruits. L’écrasante majorité de la population a déjà tourné le dos à la pratique.

Le taux d’abandon de l’excision est de 99,9% dans l’arrondissement de Dioulacolon, sud du département de Kolda. La révélation est d’Ibrahima Gano, sous-préfet de Dioulacolon, lors de la tournée de presse organisée du 7 au 9 septembre dernier dans les régions de Kolda et de Sédhiou par l’Ong Tostan. Cette tournée vise à rendre plus visibles les résultats des activités de sensibilisation et de mobilisation sociale pour l’abandon de l’excision au Sénégal financé par Orchid Project. De Saré Doma à Saré Golo, en passant par Djidima et Séfa, c’est le même constat. Chefs de village, guides religieux, notabilités coutumières, présidentes des organisations féminines et responsables des mouvements de jeunesse réaffirment leur engagement pour le changement des normes sociales favorables à l’abandon de cette pratique.

A Séfa, les communautés qui ne pratiquent pas l’excision étaient souvent stigmatisées par leurs voisines qui la pratiquaient. « Je pense que l’histoire est en train de nous donner raison », s’exclame Rosa Basso. C’est aussi l’avis d’Ousmane Mané, le chef du village. « La situation a totalement changé à Séfa. Les gens ont rejoint les ethnies qui ne pratiquaient pas l’excision, parce qu’ils ont compris que la vérité est de leur côté. En tant que chef de village, j’encourage les communautés à tourner définitivement le dos à l’excision », déclare-t-il. Ses propos sont confirmés par Fatou Bintou Konaté, vice-présidente des femmes et Doudou Tamba, représentant du président de l’Asc Réveil de Séfa. A Saré Doma, Maryama Baldé, la doyenne des femmes et ancienne exciseuse, jette ses couteaux dans une fosse septique pour montrer le bon exemple. Après 19 ans de pratique, elle met fin à sa carrière et renonce aux cadeaux dont du savon et des poulets qu’on lui remettait en échange de ses prestations.

Cependant, il existe encore quelques poches de résistance chez une certaine communauté qui continue de pratiquer en cachette l’excision, selon le sous-préfet de Dioulacolon qui décerne un satisfecit à l’Ong Tostan pour le travail accompli. « Tostan fait partie des meilleures Ong qui interviennent dans le Dioulacolon. Toutes ses activités sont visées par l’autorité administrative. Et je dois dire que Tostan a fait un bon travail dans le cadre de la lutte contre l’excision et l’abandon des mariages et grossesses précoces », déclare-t-il.
Pour Malick Niang, gestionnaire national de projet à Tostan Sénégal, la lutte contre l’excision est un travail de longue haleine.

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