
La crise à l’Alliance des forces de progrès (AFP) à l’origine du départ de Malick Gakou, et les remous dans les autres partis ayant soutenu la candidature du Président Macky Sall en 2012, ressemblent à la situation actuelle que traverse le Parti Socialiste (Ps). Ces crises similaires et répétées sont diversement appréciés par des analystes politiques. Si Momar Ndiongue voit la main du chef de l’Etat dans ces situations délétères au sein des formations politiques, l’ayant soutenu en 2012, en qualifiant cette coalition de «jeu de dupes qui ne profite qu’à l’APR» ; Momar Seyni Ndiaye quant à lui, soutient le contraire. Il est d’avis l’implication du Président Macky Sall ne saurait justifier l’éclatement de ces partis alliés. Toutefois, a-t-il tenu à relever : «l’usure des alliés ne peut pas profiter au Président Sall». |
MOMAR NDIONGUE : «Un jeu de dupes, qui ne profite qu’à l’APR»
L’exclusion annoncée de Khalifa Sall et compagnie du Parti socialiste, ne donne-t-elle pas raison à ceux qui croient aux manœuvres de Macky Sall pour affaiblir les partis alliés ? Il y a une question qu’on peut se poser, c’est à qui profite Benno Book Yaakaar ? Si on fait une analyse, on se rend compte que les alliés de la première heure qui étaient autour de Macky 2012, sont complètements aux oubliettes. Que sont devenus les partis d’Ousmane Tanor Dieng et de Moustapha Niasse qui ont rejoint Macky Sall 2012, à la présidentielle ? Si vous prenez, par exemple, des partis comme URD ou le PIT, ce sont des formations qui n’existent plus que de nom. Pour le PIT, la situation peut être liée à la quasi retraite d’Amath Dansokho. Même pour l’URD, on se rend compte qu’au niveau de l’Assemblée Nationale, le parti n’a pas de député. Djibo Leyti Ka (paix à son âme), est décédé en ayant comme remord le fait de n’avoir aucun député dans cette 13éme législature. Si vous prenez des partis comme la LD et le PS, ils sont traversés actuellement par de violentes contestations internes. Pour la présidentielle de 2019, tous ces partis affaiblis seront obligés de tourner autour de Macky Sall. C’est une astuce du Chef de l’Etat. C’est-à-dire en affaiblissant ces alliés, il donnera à l’idée que personne d’entre eux ne peut se mesurer à lui. Imaginons par exemple aujourd’hui s’il parvient à couper les liens entre Tanor et Khalifa Sall, est-ce que Tanor va le quitter pour se présenter contre lui ? ll ne le ferait pas, parce qu’il serait conscient de sa faiblesse. Il en est de même pour Moustapha Niasse, donc il est sûr que ses alliés seront obligés comme ils l’avaient fait en 2012 de soutenir sa candidature. MOMAR SEYDI NDIAYE : «L’usure des alliés ne peut pas profiter au Président Sall» L’exclusion annoncée de Khalifa Sall et compagnie, ne donne-t-elle pas raison à ceux qui croient aux manœuvres de Macky Sall pour affaiblir les partis alliés ? Sans doute, la posture du PS dans la majorité Benno Bokk Yaakaar a-t-elle exacerbé les contradictions chez les socialistes. En effet, le soutien au Président Macky Sall est diversement apprécié par les dirigeants et les militants. Mais fondamentalement, la perception de l’avenir du PS dans l’échiquier politique est la source de toutes ces querelles byzantines et autres déchirures. Le leadership du secrétaire général du PS, Ousmane Tanor Dieng est contesté et remis en question. Sous sa direction le PS, victime d’une forte érosion électorale, a perdu toutes les élections depuis 2000, et n’offre plus seul, de perspectives politiques gratifiantes. Il est comme l’AFP, la LD, le PIT, le RTAS, AJ/PADS-A et autre gauche «caviardisée», condamnée, à la logique de survie à l’intérieur de la majorité. Quelles sont les conséquences possibles de l’affaiblissement de ces alliés en perspective de la présidentielle de 2019 ? Ces alliés sont déjà faibles électoralement, puisque leur poids politique s’amoindrit dans l’électorat et au sein de la majorité. Aujourd’hui, l’APR plus que jamais boulimique profite de l’érosion électorale de ses alliés pour renforcer son leadership, à l’Assemblée Nationale, au gouvernement et dans les collectivités locales. Ce qui provoque des grincements de dents sans effet et sans lendemain chez les alliés. A l’évidence, la spirale de l’usure des alliés ne peut pas profiter au Président Sall. Il n’est pas exclu que le patron de l’APR, recherche du côté des ses anciens frères libéraux, le soutien dont il aura besoin pour se faire réélire. L’entreprise semble titanesque et risquée. Quel homme politique s’entourerait d’état d’âme et de prévention quand il s’agit de rempiler, dans un contexte où un second tour est plus qu’une probabilité ? En politique, hélas, la fin justifie souvent les moyens. |