Sortie musclée contre Wade, Dio… Serigne Moustapha Sy veut nettoyer les écuries d’Augias.

 

Comme Héraclès ou Hercule, Serigne Moustapha Sy, guide des Moustarchidines, entend nettoyer les écuries d’Augias. Non content de balayer d’un revers de mysticité tous ces leaders politiques dont il juge l’œuvre malsaine pour leurs peuples, le guide religieux dit avoir dans sa besace Georges Bush (père ou fils ?), Marine Le Pen dont il aurait empêché l’élection, Yahya Jammeh qu’il aurait défénestré du pouvoir en Gambie, les Présidents Wade, Diouf qu’il aurait sanctionnés mystiquement par la perte de leurs pouvoirs.

Le Gamou de cette année, célébrant la naissance du Prophète de l’Islam, a été marqué par un discours singulier du fils du défunt Khalife des Tidiane, Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum.

Il a pris le contre-pied de tous les guides religieux qui pensent que Macky Sall aura un second mandat, une déclaration prêtée à l’actuel Khalife général des Tidianes, Serigne Mbaye Sy Mansour, et qui, depuis, a pointé du doigt les journalistes qui auraient déformé ses propos. ‘’Je ne peux pas prédire l’avenir’’, a-t-il clairement fait savoir, regrettant par ailleurs toutes les réactions notées sur les réseaux sociaux.

Malheureusement, le mal semble déjà avoir été fait. Serigne Moustapha Sy, sans nommer le Khalife, a tenu, indirectement, à apporter de l’eau au moulin. Il a signifié à qui de droit, notamment au Président Sall et à ses ouailles, que rien n’est acquis.
La preuve, il a été formel : « J’ai fait partir Abdou Diouf en utilisant une prière spéciale un jeudi à Yenn. J’ai fait partir Yahya Jammeh… ». Et le marabout d’ajouter : « J’ai la même arme contre Macky Sall… Celui qui me défie en verra les conséquences ».

La réplique, ici, semble cinglante. Mais il n’y a pas que cela. Il y a l’ombre de l’Affaire Khalifa Sall qui est restée aux travers de la gorge du marabout. Il n’a pas digéré, loin s’en faut, l’emprisonnement du Maire de Dakar. Et ceci est d’autant plus vrai qu’il avait promis de le rejoindre en prison et avait pris l’opinion à témoin. Toutes choses qui font qu’il n’a pas hésité à faire savoir au Président de la République qu’il détient la force ‘’mystique’’ de le déloger de son Palais si jamais il ne se conformait pas à une ligne qui lui est favorable. Et parmi les actes attendus, figure justement la libération de Khalifa Sall.

Un vrai appel du pied, diraient certains pour pousser l’autorité de l’Etat à prendre langue avec lui, et ceci dans l’intention de discuter de certaines questions qui lui paraissent fondamentales. C’est un dialogue qui est ainsi souhaité avec un parfum de chantage dans la démarche.

Malheureusement, les réactions notées des proches de Macky ne militent pas en faveur du rapprochement. Un homme comme l’ancien promoteur de lutte Gaston Mbengue demande au marabout de le ‘’tuer’’ s’il a du pouvoir. D’ailleurs, les réactions sont à la chaine et ne sont pas prêtes de s’estomper. Toutes hostiles et provocatrices à la dimension de la sortie du guide religieux.

Nous ne sommes pas loin d’ailleurs de l’escalade verbale. Une situation regrettable par ailleurs. La preuve, Me Amadou Lamine Sall, du Parti démocratique sénégalais (PDS), l’explique avec ses propres termes : « Le combat mystique se prépare et que ceux qui, comme moi, sont sans ‘protection’ s’éloignent du ring ».

Tous ces propos ne sont pas de bon augure.

Il urge, cependant, pour le tenant du pouvoir de n’en faire point cas, ni en bien ni en mal. La vérité du débat est dans la satisfaction ou non des aspirations de la majorité des Sénégalais. Cela doit être, pour le Président de la République, un objet de préoccupation permanente.

Il est important aussi qu’au niveau des hommes religieux, qu’ils mesurent davantage les déclarations qu’ils rendent publiques. Au nom de la paix sociale et de la concorde entre Sénégalais. Nous sommes malheureusement tous en train de jouer sur une corde sensible, l’équilibre qui nous assure jusqu’ici, une relative tranquillité.

En somme, il est important que nos guides religieux laissent aux politiciens le monopole de l’irrationalité, même si, par ailleurs, ils doivent de temps en temps les remettre sur le bon chemin par des méthodes moins spectaculaires que ce à quoi nous avons assisté à Tivaouane.

Assane Samb/Rewmi quotidien