
La justice sénégalaise a ordonné le renvoi devant un tribunal correctionnel du maire de Dakar, Khalifa Sall, a indiqué un des avocats. Cet opposant au président Macky Sall et quatre de ses collaborateurs sont accusés de «détournement de fonds publics».
«Il y a bien une ordonnance de renvoi» prise jeudi par le doyen des juges d’instruction, Samba Ball, «même si elle ne nous a pas encore été officiellement notifiée», a déclaré cet avocat, Me Demba Ciré Bathily, confirmant une information de la presse sénégalaise. Il appartient à présent au procureur de fixer la date du procès, qui selon plusieurs quotidiens pourrait avoir lieu dans le courant du mois de décembre.
Il devra répondre, tout comme quatre de ses collaborateurs, de dépenses «non justifiées» de plus de 2,7 millions d’euros prélevés pendant plusieurs années, selon la justice, dans les caisses de la mairie, ce qu’il nie.
Levée d’immunité
Maire de Dakar depuis 2009, il est en détention provisoire depuis le 7 mars, ce qui ne l’a pas empêché d’être élu député lors des législatives du 30 juillet. L’Assemblée nationale a levé le 26 novembre son immunité par un vote majorité contre opposition, ouvrant la voie à un procès.
Toutes les démarches de ses avocats entreprises depuis des mois pour qu’il soit remis en liberté ont échoué. Jeudi, le doyen des juges a refusé le dépôt d’une caution qui lui aurait permis de comparaître libre à son procès, selon son avocat.
Me Bathily a précisé que les avocats du maire avaient fait appel de la décision du juge d’instruction. «Nous sommes à la limite de la forfaiture car le juge d’instruction a refusé l’audition de témoins et la réalisation d’expertises», a expliqué l’avocat. La décision de renvoi «confirme le caractère politique du dossier», a-t-il ajouté, dénonçant une «violation délibérée de la loi» par le magistrat instructeur.
Opposant au président Macky Sall – avec lequel il n’a pas de lien de parenté -, le maire de Dakar est considéré comme l’un des principaux concurrents pour la présidentielle de 2019, à condition qu’il puisse se présenter. Ses soutiens estiment qu’il paye pour son statut de dissident du parti socialiste, membre de la coalition au pouvoir.
(nxp/ats)