Idrissa Seck, une popularité en hausse à Thiès

 

Le président de Rewmi, perçu comme « l’homme le plus craint du pouvoir actuel », jouit d’une cote grandissante au sein de sa base naturelle…

Au sein de sa base naturelle, Thiès, le président de Rewmi Idrissa Seck, perçu comme « l’homme le plus craint du pouvoir actuel », connait une popularité grandissante.

Celui qui depuis ses premiers pas en politique, a eu comme ambition d’être un jour le président du Sénégal, continue son bonhomme de che- min, malgré les difficultés et obstacles qui se dressent sur son chemin et les accusations graves souvent portées contre lui. D’ailleurs, les Thiessois lui conseillent de ne pas faire attention aux « manœuvres d’intimidation » du pouvoir.

Des Thiessois qui n’ont pas de mots assez durs pour fustiger ceux-là qui usent de « tous les moyens de pression dont ils disposent dans une logique d’écarter défini- tivement d’honnêtes citoyens de la course à la présidentielle». Dans tous les coins et recoins de la cité aux-deux-gares, partout où il passe, «Ngorsi » est accueilli en « héros » par des populations plus que jamais engagées à ses cotés. Des Thiessois qui se disent «insensibles» aux « manœuvres d’intimidation » de Macky Sall qui, pensent-elles, cherche à « atteindre Idrissa Seck ».

« Un homme de défi qui sait attendre son heure, il dispute aujourd’hui la vedette à tous les acteurs de la scène politique en raison de ses prises de position qui rament à contre-courant des décisions du régime du président Macky Sall », se réjouissent nombre de Thiessois.

Les- quels entrevoient à travers la démarche de celui qui a longtemps été considéré comme « l’éminence grise de Me Abdoulaye Wade », le diplômé de l’école des Hautes études commerciales (HEC), de l’Institut d’études poli- tiques de Paris (IEP), celle d’un homme d’Etat. Des Thiessois qui se disent « indifférents » à l’annonce faite par le maire Talla Sylla de soutenir la candidature du président Macky Sall » à la prochaine présidentielle. Et qui accueillent comme le Messie l’ancien Premier ministre dans tous ses déplacements.

Selon Issa Samb, un observateur de la scène politique locale, « cette popularité semble conforter le leader de Rewmi dans sa position de maître absolu de l’ancien bastion du PDS ». Partout où l’ancien maire de Thiès passe, ce sont des foules en liesse qui l’accompagnent, scandant son nom.

« Macky Sall ne pouvant ni m’auditer, ni m’emprisonner, n’a qu’une seule alternative pour m’atteindre : ‘’déstabiliser mes proches’’ »

Dans une récente sortie où il condamnait sévèrement toute forme de négociation entre ses partisans et l’édile de la ville, Talla Sylla, « un missionnaire à la solde de Macky Sall », le patron de Rewmi attirait l’attention de ses proches sur le fait que « le Président de l’APR travaille à faire le vide autour de moi.

Il a deux programmes : éliminer tous ses adversaires politiques, ce qu’il a réussi avec Khalifa Sall et  Karim Wade. Mais il ne peut pas le faire avec moi parce qu’il ne peut ni m’auditer, ni m’emprisonner. Il ne lui reste donc qu’une seule alternative pour m’atteindre, c’est de déstabiliser mes proches, d’où ce système de débauchage, par entre autres, l’entremise de Talla Sylla qui ne cherche qu’à désorienter et divertir mes proches ».

Beaucoup de Thiessois que nous avons rencontrés mettent en garde nos compatriotes en ces termes : « si les Sénégalais ne sont pas vigilants, nous risquons de vivre le syndrome Cheikh Anta Diop ou Mamadou Dia, diabolisés par Senghor pour des raisons politiques, et nous aurons perdu définitivement la possibilité d’un autre Sénégal avec le président Idrissa Seck ».

A les en croire, « après avoir muselé Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, le président Sall a tenté, par le biais de l’Acte Trois de la Décentralisation centralisation, de fragiliser Khalifa Sall, et aujourd’hui, tout son objectif c’est de liquider Idrissa Seck ». Selon le jeune étudiant en droit Pape Diop, « aucune des agressions que l’ancien Premier ministre a subies n’a pu l’emmener à accepter une quelconque compromission par rapport à ses principes ». Et « aucune autre ne le pourra » croit-il.

« Sous aucun prétexte, Thiès ne laissera tomber Idy pour les beaux yeux de Macky »

Dans la cité du Rail, même les lycéens et collégiens n’ayant pas encore l’âge de voter di- sent savoir que le « pouvoir pose des actes d’intimidation afin qu’on n’adhère pas à la po- litique du président de Rewmi ». Ady Fall, un père de famille résidant à Nguinth, partage lui, la conviction de beaucoup d’autres habitants de la ville qui soutiennent que « perdre Idrissa Seck c’est un gâchis politique, c’est même se liquider ».

Aux marchés Central, Moussanté et Grand-Thiès, la vague de sympathie en faveur de l’ancien Premier ministre ne cesse de monter. « Nous avons bien compris qu’au delà de tout cela, Idrissa Seck reste un leader national. Nous ne pourrons, sous aucun prétexte, laisser tomber l’homme des Chantiers de Thiès pour les beaux yeux de Macky Sall. Nous ne sommes nullement dupes et savons que le président Sall ne voudrait pas, en 2019, avoir en face de lui un adversaire politique de la trempe d’Idrissa Seck » confie le délégué d’un grand marché de la ville.

La grande estime des chefs religieux pour Idrissa Seck

Lors des grands évènements religieux comme le Gamou de Tivaouane et le Magal de Touba, les khalifes généraux et autres chefs re- ligieux du pays, au cours des traditionnelles vi- sites de courtoisie du président de Rewmi, ne cessent, à travers leurs sorties respectives, de manifester la grande estime qu’ils ont pour Idrissa Seck. Lequel, bien qu’ayant commis quelques erreurs dans le passé, a su se racheter depuis.

Et puis, comme l’explique le coordonnateur du mouvement des enseignants du parti Rewmi, Cheikh Makhfou Faye, par ailleurs conseiller départemental à Thiès, « il y avait toute une campagne de diabolisation contre Idrissa Seck, jusqu’à même toucher ses convic- tions religieuses, son appartenance à telle ou telle Tarikha (confrérie), et cela a été très mal apprécié par les populations ».

Se voulant ras- surant, il confie que « Idrissa Seck, lui-même, ainsi que certains acteurs politiques et une partie de la presse, sont en train de déconstruire cette mauvaise image, parce que l’appartenance d’un candidat à telle ou telle Tarikha n’est pas ce qui est fondamental dans une République ou dans des élections républicaines ».

A l’en croire, « l’ancien Premier ministre a renoué complètement le contact avec Tivaouane, et aujourd’hui il a des entrées fluides au niveau de Touba, surtout avec la nomination de Serigne Moussa Nawèl qui est son ami personnel et qui est devenu le ‘’Dieuwrigne’’ du khalife général des Mourides, Cheikh Mountakha Bassirou ». Aujourd’hui, beaucoup dans la cité du Rail pen- sent qu’« au-delà des acteurs politiques de Thiès, l’opinion publique nationale et internationale commence à être beaucoup plus favorable à la candidature d’Idrissa Seck.

Il est en train de polir son image, en réglant un problème, qui est le reproche principal qu’on lui faisait, c’est- à-dire celui de son accessibilité. Aujourd’hui, il est beaucoup plus proche des populations et partage avec elles leurs difficultés ».

Idrissa Seck porte beaucoup d’espoir sur les enseignants

Cela dit, le patron de Rewmi peut-il avoir des ambitions nationales après avoir été laminé, aux dernières élections législatives, dans le dé- partement de Thiès qu’il contrôlait naguère ? Le coordonnateur du mouvement des enseignants du parti Rewmi tente une explication par rapport à cette contre-performance.

« Ce qui nous a un peu fragilisés dans le département, c’est qu’il nous y faut un renouvellement du personnel politique, parce que ceux qui nous représentaient, en grande partie, sont partis re- joindre les prairies de l’APR et ceux qui sont res- tés n’ont véritablement pas fait le travail nécessaire. Ce parce que soit ils ne sont plus actifs soit ils ne peuvent vraiment plus mobiliser. Ils sont victimes de l’usure du temps, qui fait qu’ils n’incarnent plus d’aspiration ou d’espoir ».

Aussi « il y a le fait que les ex-présidents de Communauté rurale (aujourd’hui maires) qui ont été élus sur les listes de l’opposition sont partis rejoindre le camp présidentiel. Ce sont véritablement ces raisons qui ont fait que nous avons régressé dans le département. Il nous faut donc renouveler le personnel politique dans le département, avec de jeunes cadres ca- pables de porter le discours contradictoire et apporter le message d’Idrissa Seck ».

Cheikh Makhfou Faye est revenu sur une autre donnée non moins importante. « Macky Sall a travaillé à installer partout de fortes personnalités comme le ministre du Commerce, M. Alioune Sarr, le ministre des Forces Armées, Dr Augustin Tine, le maire de Keur Mousseu, Momar Ciss, qui est devenu Haut conseiller des collectivités territoriales, le maire de Touba-Toul, Daouda Tine, qui était sur la liste des députés et qui est également Haut Conseiller, le maire de Cayar, Ndiassé Ka, qui était sur la liste des députés.

Voilà les fondamentaux sur lesquels Macky Sall a agi en proposant des strapontins et sinécures à des responsables locaux de l’APR et autres transhumants, lesquels ont vraiment impacté sur les élections législatives du 30 juillet dernier ».

L’effet boomerang du maire Talla Sylla

Heureusement qu’au niveau de la ville, Idrissa Seck a bénéficié de l’effet repoussoir du maire de la ville, Talla Sylla, avec sa coalition « Fal Askanwi ». Ecoeurés par la « trahison » de leur édile, les Thiessois par compassion du président de Rewmi, qui a su jouer à merveille la posture de victime, ont voté massivement pour lui !

Cheikh Camara / Le Témoin