“Le parrainage est une réforme mort-née”

 

 

 

Le parti politique de l’Union sociale libérale (Usl) est contre le projet de loi sur le parrainage citoyen que le gouvernement a soumis à l’Assemblée nationale pour examen, jeudi 19 avril prochain. Face à la presse ce lundi 16 avril, à Dakar, son leader, Me Abdoulaye Tine, a soutenu que ce projet de loi viole le secret du vote.

“Le parrainage n’est pas un engagement de vote contrairement à ce qu’on cherche à faire croire aux Sénégalais. L’instauration d’un système de parrainage ne permettra nullement de jauger ou de mesurer la représentativité d’un candidat à l’élection présidentielle. Pour preuve, il n’existe aucune obligation pour le citoyen qui aura parrainé un tel ou un tel de voter effectivement pour cette personne. Parce que tout simplement, le scrutin avant tout s’inscrit dans le secret. Et le secret du vote est une règle fondamentale de la démocratie. Et en retour, il n’existe aucune disposition légale, aucun texte de lois au Sénégal qui prévoit une sanction pour quelqu’un qui n’aurait pas voté”.

Selon lui, “il y a un décalage entre l’argumentaire qui est servi aux Sénégalais et les finalités qui sont visées”, à travers ce projet de loi.

“C’est une réforme mort-née”
À en croire Me Abdoulaye Tine, le projet de loi sur le parrainage, avant même d’être voté, est déjà “une réforme mort-née, impossible à mettre en œuvre”. Pour lui, il y a des non-dits dans ce projet. Car, souligne-t-il, “au moment où la France a décidé, pour des raisons de sécurité de limiter le parrainage avec les élus, le président Macky Sall a opté avec le parrainage citoyen où l’on va se retrouver avec des millions de personnes, des milliers de signature, dans un pays où on a 80% de personnes qui sont analphabètes et 50% de personnes qui ne savent pas signer”.

À cela, il ajoute : “une administration qui n’a pas été en mesure de donner à tous les Sénégalais, à temps et en heure, leur pièce d’identité et de les inscrire, ne craint pas la contradiction et a eu l’audace de dire aux mêmes Sénégalais que pour vous présenter à l’élection présidentielle vous allez m’amener 1%”.

“L’objectif est d’écarter Karim Wade et Khalifa Sall”
Toujours selon le leader de l’Usl, le parrainage n’est pas “une réforme réfléchit car, elle viole les dispositions de la constitution qui veulent que la démocratie sénégalaise soit une démocratie multi-partisane”. Il dit : “Il y a un objectif caché. Il y a un habillage juridique qui est là. Non seulement, c’est une réforme inutile mais aussi dangereuse parce qu’elle peut nous conduire à une vacance du pouvoir. C’est une réforme qui n’est pas fondée contrairement à ce qu’on veut faire croire aux Sénégalais par des motifs d’intérêt général. Elle vise à écarter deux adversaires potentiels : Karim Wade et Khalifa Sall”.

“Le peuple doit se montrer intransigeant”
Pour toutes ces raisons, Me Abdoulaye Tine estime que la mobilisation contre ce projet de loi est “une exigence citoyenne, une demande démocratique”. Et le peuple doit se montrer “intransigeant”. Parce que, dit-il, “ils ont pris leurs responsabilités. Ils ont dit qu’ils ne vont pas céder. Nous aussi, au niveau de l’Union sociale libérale, on s’est concerté. Pour toutes les raisons que je viens d’exposer, nous avons décidé de prendre aussi nos responsabilités. Cela veut dire que s’ils ne cèdent pas, nous ne reculerons pas et nous ferons face. Et nous irons manifester notre désaccord contre ce projet anti-démocratique le jour de son vote”, a laissé entendre le politique. Qui espère, d’ici là, que Macky Sall fasse machine arrière.

seneweb