
Beaucoup de spécialistes ont estimé que vous étiez une chance de médaille pour le Sénégal. Au finish vous avez terminé 7ème en finale. Etes-vous déçue ?
Oui, bien sûr. Je suis très déçue. Je n’étais pas venue là franchement pour ça. Mais, ces trois derniers jours, j’ai un peu hésité quand même. Je me suis demandée si je ne devrais pas changer mes attentes dans ces championnats d’Afrique. Parce que, je suis fatiguée, je suis Ko. Peut-être toutes les autres filles sont dans la même situation. Sauf peut-être pas les Nigérianes qui sont là depuis longtemps. Les Ivoiriennes sont arrivées avant nous. Nous, on est arrivés mardi. Je suis déçue mais en même temps, j’ai une circonstance atténuante. Je n’étais pas dans des conditions de performance
Vous voulez dire que la contreperformance est liée aux problèmes que vous avez eus à Lagos pour rallier Asaba ?
Bien sûr. Sans engagement j’ai réalisé 13 sec 64 en juillet. Et là, j’ai beaucoup monté en puissance pour être prête à ces championnats. C’est vraiment la fatigue. En demi-finale, j’ai raté mon départ. En finale, je rate le départ et ça c’est dû au fait que je n’ai pas d’influx nerveux pour vraiment réagir sur la première haie. Je l’ai cherché partout mais je n’arrive pas à le trouver
Vous faites partie des plus anciennes de cette équipe nationale du Sénégal. On vous voit beaucoup encadrer les jeunes filles mais les perspectives, l’avenir, selon vous, c’est quoi ? Est-ce que ce sont les mondiaux de 2019, est-ce que c’est Tokyo 2020 ?
En fait moi, je ne me mets pas de limites. Tant que mon corps me permet tous les ans de pouvoir m’entrainer normalement, je vais m’entrainer et faire mes compétitions. Le jour où mon corps va me dire que je ne peux plus te permettre d’aller aussi vite, j’arrête. J’ai préparé 2016, j’ai eu une rupture complète de tendon d’Achille. Je suis revenue en 2017, j’ai eu une rupture complète de tendon au niveau des biceps. Mais je suis quand même là, on ne voit même pas que j’ai eu toutes ces blessures. Donc, tous les jours, je vais me lever, je vais faire le job
Les athlètes incriminent les autorités par rapport à la politique sportive et à l’accompagnement. Que vous voulez réellement ?
J’avais déjà dit que je ne parlerais pas de ça parce que ça n’a pas changé. Au contraire, c’est pire. Franchement, c’est pire. Au niveau de la fédération, ils essaient de faire des trucs mais sans moyens, ils ne peuvent rien faire. Les conditions sont devenues beaucoup plus difficiles. Parce que moi, je ne me suis jamais déplacée sans perdiums. Je ne me suis jamais déplacée avec un représentant du ministère qui est venu avec zéro Franc Cfa. De toute ma carrière , depuis toute petite jusqu’à maintenant, je n’ai vécu avec le Sénégal. Je ne sais pas ce qui se passe là
A Porto Novo, on était 4ème. On est partis à Marrakech avec une seule médaille d’argent d’Amy Sène qui a d’ailleurs pris sa retraite. On retourne à Durban avec une seule médaille d’or. Qu’est ce qu’il faut concrètement pour que l’athlétisme sénégalais retrouve son lustre d’antan ?
C’est parce qu’il faut qu’on professionnalise les athlètes. Il faut qu’on leur donne des aides pour que les athlètes puissent entrainer. Mais on ne peut trouver de l’argent pour s’occuper de nos familles et s’entrainer. On ne peut pas faire les trois choses en même temps, c’est impossible. C’est ça le problème. Il faut qu’on professionnalise nos athlètes, qu’on leur dise : «Allez juste vous entrainer, dormir, récupérer».
sudonline /