Etats-Unis: Brett Kavanaugh investi à la Cour suprême

 

Donald Trump s’est excusé lundi «au nom de (la) nation» auprès du juge Brett Kavanaugh et de sa famille lors de la cérémonie d’investiture de son candidat à la Cour suprême, une victoire obtenue à l’arrachée après une lutte politique intense.

«Au nom de notre nation, je souhaite présenter des excuses à Brett et à l’ensemble de la famille Kavanaugh pour la douleur et la souffrance terribles que vous avez été contraints d’endurer», a déclaré le président américain depuis la Maison Blanche. Il a ensuite fait prêter serment au magistrat de 53 ans, confirmé samedi par le Sénat après un bras de fer politique de plusieurs semaines, notamment alimenté par des accusations d’agression sexuelle à son encontre.

Alors que sa confirmation a été farouchement combattue par les démocrates, le juge Kavanaugh a promis lors de cette cérémonie officielle de se montrer «impartial» au sein de la plus haute juridiction des Etats-Unis.

«La Cour suprême est une institution judiciaire, ce n’est pas une institution partisane ou politique», a déclaré M. Kavanaugh. «La Cour suprême est une équipe de neuf (juges). Et je jouerai toujours collectif dans cette équipe de neuf», a ajouté le magistrat conservateur, entraîneur à ses heures perdues d’une équipe féminine de basket-ball.

Les conservateurs en majorité

Jetant une nouvelle fois de l’huile sur le feu, Donald Trump avait dénoncé plus tôt dans la journée les accusations d’abus sexuels portées contre son candidat à la Cour suprême. Il ne s’agissait selon lui que d’une «supercherie», d’allégations «fabriquées» pour empêcher sa confirmation. Les démocrates, a-t-il encore décoché, «l’ont torturé», «c’était honteux». Ils le paieront dans les urnes, lors des élections parlementaires du 6 novembre, a-t-il prédit.

Brett Kavanaugh, 53 ans, avait déjà prêté serment devant la haute cour lors d’une cérémonie privée samedi soir, quelques heures après avoir obtenu de justesse le feu vert du Sénat.

L’arrivée de ce farouche défenseur des valeurs conservatrices place les juges progressistes en minorité –avec quatre juges sur neuf– au sein du temple du droit américain, qui veille à la constitutionnalité des lois et arbitre les sujets de société les plus épineux (peine de mort, mariage homosexuel, droit à l’avortement, défense de l’environnement…).

Les démocrates se sont vivement opposés à sa nomination, à vie, dès l’annonce, début juillet, du président Trump, qui avait promis à sa base électorale de nommer des juges opposés à l’avortement et défenseurs du droit à porter des armes à feu.

Le plus mal confirmé

Malgré les efforts des démocrates, le juge semblait en bonne voie d’être confirmé quand, à la mi-septembre, une femme est sortie de l’ombre pour l’accuser d’une tentative de viol remontant à 1982, quand elle avait 15 ans et lui 17, ce qu’il a vigoureusement nié.

Dans le contexte du mouvement #MeToo, qui a sensibilisé les Américains aux tourments vécus par les victimes d’abus sexuels, ces accusations ont menacé de faire dérailler sa nomination.

Après avoir auditionné les deux parties et, suite à un complément d’enquête du FBI qui n’a pas fait apparaître d’éléments nouveaux, trois sénateurs indécis ont fait pencher la balance en faveur du juge.

Avec 50 voix pour et 48 contre, le magistrat est le juge le plus mal confirmé de la Cour suprême depuis 1881. Sa confirmation a été accompagnée de manifestations, notamment de victimes d’agressions sexuelles.

(nxp/ats)