De Genève à Paris, on marche pour le climat

 

La Marche pour le climat a rassemblé samedi au centre-ville de Genève près de 3500 personnes. Les manifestants ont exigé des changements immédiats de la part des gouvernements pour faire face à la crise climatique.

«La politique ne fait pas le job: le temps des demi-mesures est terminé», a déclaré Anne Mahrer, des Aînées pour le climat. Cette marche qui s’est déroulée dans une ambiance bon enfant était organisée à l’appel d’une vingtaine d’associations de la société civile.

Les organisateurs ont annoncé 5000 participants alors que la police genevoise en a dénombré entre 3000 et 3500. Mathias Schlegel, porte-parole de Greenpeace Suisse, est très satisfait de cette forte affluence. «Les gens ressentent l’urgence, en raison notamment de la sécheresse et des fortes chaleurs de cet été», a relevé M.Schlegel.

Les 24 degrés de ce samedi après-midi d’octobre renforçaient ce sentiment. La publication lundi du rapport alarmant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a aussi dopé la participation, a-t-il ajouté.

Selon les experts du GIEC, le monde doit engager des transitions rapides et sans précédent, s’il veut limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Ce message inquiète Pierre et Beate, deux jeunes Lausannois qui ont fait le déplacement à Genève. Ils veulent agir avant «qu’il ne soit trop tard».

Manifestation familiale

Un mois après la mobilisation inédite du 8 septembre dernier, dans la foulée de la démission de Nicolas Hulot, de simples citoyens appelaient de nouveau à manifester, demandant aux associations et partis politiques de se placer en fin de cortège.

Place de l’Opéra à Paris, les banderoles «Changeons le système, pas le climat» et «Chaud devant» ont repris du service, pour défiler jusqu’à la place de la République, a constaté une journaliste de l’AFP. Des militants de «La France insoumise», venus en masse, étaient invités à reculer en queue de cortège. «Plus on est nombreux, plus on peut peser sur les politiques publiques», explique à l’AFP Sylvaine Deport, 70 ans venue de région parisienne.

Capucine et Aurélien, 35 ans, sont venus avec leur fille de 3 ans sur les épaules et un bébé de 3 semaines, emmailloté en écharpe. «On n’a pas l’habitude de manifester mais cette cause nous tient à coeur», disent-ils. La petite famille n’avait pu participer à la première manifestation car l’accouchement était trop proche.

Le rassemblement était visuellement moins imposant que celui du 8 septembre qui, à Paris, avait réuni 50.000 personnes selon les organisateurs, 18.500 selon la préfecture de police.

«Mesurettes du gouvernement»

A Marseille, près de 500 personnes défilaient à la mi-journée sur le Vieux port. «Le but c’est de dire qu’on est là, qu’on ne se satisfait pas des mesurettes du gouvernement», expliquait Adeline, venue avec ses collègues du zoo de la Barben pour participer au rassemblement. Coiffés pour l’occasion d’un bonnet à tête d’ours polaire, ils plaident avec les autres manifestants, en majorité des familles, pour une meilleure protection de l’environnement.

Comme en septembre, quand un jeune Parisien, Maxime Lelong, avait pris l’initiative d’appeler à descendre dans la rue après la démission surprise de Nicolas Hulot du poste de ministre de la Transition écologique, ces marches sont organisées par des particuliers, avec le soutien d’associations.

Sous les mots d’ordre «plus qu’une marche pour le climat» et «il est encore temps», ce mouvement citoyen espère dégager «un message clair qui soit audible pour tous» en faveur de l’environnement et encourager le passage à l’action, a indiqué une des bénévoles chargée de la coordination, Danièle Migneaux.

Un village des initiatives

A Paris, en plus de la marche, un «village des initiatives» était organisé samedi après-midi place la République. L’animation des stands a été confiée à des associations, des scientifiques, comme les climatologues Jean Jouzel et Valérie Masson-Delmotte; qui devaient intervenir et un forum était prévu pour évoquer les suites du mouvement. Le chanteur Matthieu Chedid et Cyril Dion, réalisateur du documentaire «Demain», sont attendus.

Des rassemblements sont prévus un peu partout dans l’Hexagone, ainsi qu’en Guadeloupe, en Martinique, à La Réunion, en Nouvelle-Calédonie et à Tahiti. Hors de France, des marches doivent avoir lieu à Genève, Luxembourg, Namur, Montréal et Montevideo, selon les organisateurs.

Rapport du Giec

En parallèle, d’autres actions doivent se dérouler à l’étranger à l’initiative de l’association 350.org. Au Japon ou encore en Australie, des copies du dernier rapport du Giec, paru en début de semaine, doivent être distribuées à des élus.

Dans ce rapport de 400 pages, les experts climat de l’Onu appellent le monde à engager des transformations «rapides» et «sans précédent», s’il veut limiter le réchauffement à 1,5°C. Si les Etats s’en tiennent à leurs engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre pris dans le cadre de l’accord de Paris en 2015, ce sera 3°C à la fin du siècle, avec la menace d’un emballement climatique.

Forte mobilisation à Lyon

À Lyon, la marche pour le climat a réussi à mobiliser 10.000 manifestants, soit autant qu’il y a un mois selon la préfecture du Rhône, dans une chaleur étonnante faisant écho au sujet. Selon les organisateurs, ils étaient entre 12.000 et 15.000 participants dans le centre-ville.

Dans la foule, beaucoup de familles, d’enfants qui avaient leur propre message, comme ce jeune garçon tenant sur un carton un «je suis concerné», avec un thermomètre à la place du crayon, en référence au «je suis Charlie». Et les pancartes apparaissaient comme autant de cris citoyens pour dire l’urgence climatique: «tu t’es vu quand t’as fondu ?», «25° le 13 octobre, tu le sens le réchauffement climatique ?» ou encore cette dame qui se demandait où sont les insectes qui s’écrasaient sur le pare-brise quand elle était petite.

«Un rassemblement, c’est déjà un grand geste de la part de tous ces gens qui prennent sur leur temps de week-end», salue auprès de l’AFP Vincent Verzat, «YouTuber activiste» qui est l’un des organisateurs. «Ce qu’il faut gagner maintenant, c’est faire plier la Société Générale pour qu’elle arrête d’investir dans les énergies fossiles», ajoute-t-il espérant que la mobilisation va se poursuivre via la site ilestencoretemps.fr. Le cortège parti vers 16H00 de la place des Terreaux dans le centre ville devait se rendre à la métropole, située dans le quartier de la Part-Dieu.

Un lieu d’arrivée symbolique pour les organisateurs qui estiment aussi que la métropole n’en fait pas assez, notamment sur la qualité de l’air. «Il y a beaucoup de métropoles européennes qui bougent, comme Oslo ou Paris qui vont interdire le diesel en 2024 et ici, on nous dit que ce n’est pas possible», s’indigne Vincent Verzat.

(nxp/ats/afp)