QUAND SONKO CARBURE À TOUT VA

 

Ousmane Sonko a-t-il ou non pris conscience qu’il se dégage dans son discours et son comportement comme un parfum dont les exhalaisons commencent à interroger. Il en va ainsi de la sortie remarquée du leader de Pastef/Les Patriotes sur les réseaux sociaux affirmant qu’au vu du «niveau de souffrance des populations» sénégalaises , «nos politiciens sont des criminels» et qu’on «ne commettrait aucun pêché » si «on les regroupe et on les fusille ». Au-delà de la date de publication supposée et des tentatives de «diabolisation» prêtées au pouvoir, il se pose la question de savoir comment un leader politique qui aspire à des responsabilités suprêmes peut-il se risquer à de telles affirmations. Pourquoi faire référence au péché et non au délit, si l’on sait que le Sénégal est un pays démocratique et laïc où toutes les croyances religieuses, animistes ou autres ont droit de cité.

C’est dire que « notre commun vouloir de vie commune » s’est sédimenté et se consolide sous la vigilance citoyenne autour de la tolérance, de l’acceptation et du respect d’autrui, des lois et règlements censés réguler la société. Il n’appartient par conséquent à personne de s’ériger en juge et de décréter on ne sait quelle sentence de surcroit adossée à une sensibilité religieuse. Il est tout aussi inacceptable qu’on puisse interpeller un citoyen, fût-il candidat potentiel à l’élection présidentielle, sur ses convictions religieuses ou sa situation matrimoniale. Il importe cela dit, de faire le départ entre ce qui relève du public et ce qui est du privé.

Alors dérapage contrôlé ou incontrôlé ? Un de plus, serait-on tenté de dire. On se souvient  de la réaction de Sonko sur sa page Facebook à la suite du décès de Bruno Diatta en des termes peu amènes. En guise d’hommage à « sa rigueur , son professionnalisme, son patriotisme » , il a confié qu’il aurait « souhaité » l’« avoir comme collaborateur ».

A se demander si une telle propension à tout renvoyer à soi n’est pas révélatrice de quelque chose d’autre, à savoir une hypertrophie du moi, gros de danger.  Ne serait-ce que de se penser comme une autorité super puissante pouvant décider de tout. Une autre alerte nous est venue de l’opération de parrainage à Ziguinchor où l’on a donné l’impression de suspecter l’Etat d’avoir commandité une tentative d’intimidation.

Rebelote avec le décès de la responsable Mariama Sagna, dans la commune de Keur Massar, dans des conditions de violence abjecte juste après le meeting politique organisé sur place en présence du leader de Pastef. Dans cette sinistre affaire, l’implication de l’Etat a été insinuée sans attendre les résultats de l’enquête. Il importe pourtant de faire montre de sang-froid, de lucidité et de responsabilité, sans précipitation aucune lorsqu’il s’agit de questions sensibles.

L’objectif, faut-il le rappeler, est d’apporter avec modestie et responsabilité, sa pierre à l’édification d’un Sénégal soucieux de mettre en place des institutions fortes et de construire un Etat de droit .
Vieux savané 

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