Meurtre de Khashoggi «Un très mauvais projet qui a été très mal exécuté»

 

Les Etats-Unis ont engagé la révocation des visas des Saoudiens impliqués dans le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul début octobre, a indiqué mardi le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.

«Ces sanctions ne seront pas les dernières de la part des Etats-Unis dans cette affaire», a-t-il déclaré à des journalistes, précisant que Washington avait «identifié au moins certains des individus» ayant pris part à l’opération qui a coûté la vie au collaborateur du Washington Post.

«Nous engageons des actions appropriées qui incluent une révocation de visas, une mise sous surveillance de visas et d’autres mesures», a expliqué M. Pompeo. Cette mise sous surveillance signifie que les suspects seront répertoriés comme inadmissibles, au cas où ils tenteraient d’entrer aux Etats-Unis.

«Mesures supplémentaires»

«Nous continuerons d’explorer des mesures supplémentaires à l’encontre des personnes tenues pour responsables» de la mort de Khashoggi, 59 ans, a poursuivi le chef de la diplomatie américaine, affirmant que l’administration «montre très clairement que les Etats-Unis ne tolèrent pas ce genre d’action pour réduire au silence M. Khashoggi, un journaliste, par la violence».

Il a refusé de donner le nombre de Saoudiens concernés par ces mesures punitives, mais a précisé qu’ils étaient issus «des services de renseignement, de la cour royale, du ministère des Affaires étrangères et d’autres ministères saoudiens».

Selon lui, les autorités américaines examinent également l’opportunité d’agir en vertu de la loi dite Magnitsky, qui restreint la liberté de mouvement et gèle les avoirs aux Etats-Unis des individus et entités accusés d’enfreindre les droits de l’homme.

Donald Trump a estimé un peu plus tôt que le meurtre de Jamal Khashoggi avait donné lieu à «l’une des pires opérations de dissimulation de l’histoire». «Ils avaient un très mauvais projet à l’origine, il a été très mal exécuté et l’opération de dissimulation a été l’une des pires de l’histoire des opérations de dissimulation», a déclaré M. Trump depuis le Bureau ovale. «Cela n’aurait jamais du être envisagé», a-t-il ajouté. «Celui qui a eu cette idée, quel qu’il soit, est dans une situation très difficile», a-t-il encore dit.

Ton «dur»

Interrogé sur la réaction du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a appelé à punir les «commanditaires» de ce «meurtre sauvage», M. Trump a jugé qu’il avait eu un ton «dur» envers l’Arabie saoudite.

Le président des Etats-Unis croit-il à la version donnée par les Saoudiens ? «Je veux d’abord connaître les faits», a-t-il répondu, tout en soulignant combien Ryad était un «excellent allié» des Etats-Unis depuis des décennies et rappelant qu’il était «l’un des principaux investisseurs aux Etats-Unis».

Plusieurs élus américains ont exhorté le président Donald Trump à prendre des sanctions dures, certains mentionnant cette loi portant le nom de l’avocat russe Sergueï Magnitsky, mort mystérieusement en prison en 2009.

M. Pompeo a réitéré que les Etats-Unis considéraient toujours l’Arabie saoudite comme une alliée, disant que M. Trump et lui-même n’étaient «pas contents» d’agir contre le royaume. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a fait le point mardi sur l’enquête, décrivant un «meurtre sauvage» qui a été «planifié» pendant plusieurs jours et mis à exécution par une équipe de «15 agents».

(nxp/afp)