Etats-Unis – Mueller: Trump dénonce des «conneries absolues»

 

Des «conneries absolues»: Donald Trump s’en est pris vendredi avec véhémence à certains des témoignages figurant dans le rapport publié la veille sur «l’affaire russe». Un rapport qui ne l’a pas blanchi des soupçons d’entrave à la justice.

«Des allégations sont faites sur moi par certaines personnes dans le délirant rapport Mueller, lui-même écrit par 18 démocrates en colère enragés contre Trump, qui sont montées de toutes pièces et totalement fausses», a lancé le président américain dans un tweet matinal.

Certaines de ces allégations sont «des conneries absolues», a-t-il ajouté dans un autre tweet aux termes crus. Après 22 mois d’enquête sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle américaine de 2016, le procureur spécial Robert Mueller a conclu dans son rapport de 400 pages publié jeudi qu’il n’y avait pas eu d’entente entre l’équipe du républicain Donald Trump et Moscou.

Tentative de limoger Mueller

Mais si M. Trump a crié victoire, s’estimant totalement exonéré, ces conclusions ne l’ont en revanche pas blanchi des soupçons d’entrave à la justice. Le procureur spécial relève ainsi que le locataire de la Maison Blanche a tenté de le limoger, sans y parvenir, parmi d’autres actes visant à torpiller son enquête.

«Faites attention aux gens qui prennent des soi-disant ‘notes’ quand les notes n’ont jamais existé jusqu’à ce qu’ils en aient eu besoin», a ajouté le président américain vendredi. Le rapport Mueller cite comme source de certains de ses passages des «notes» prises par exemple par des responsables de ministères.

«Je suis foutu»

Le texte affirme ainsi, sur la base de notes du directeur de cabinet du ministre de la Justice de l’époque, que M. Trump a très mal pris la nomination du procureur spécial. «Oh mon Dieu. C’est terrible. C’est la fin de ma présidence. Je suis foutu», aurait réagi l’ex-magnat de l’immobilier.

«Tout le monde me dit que si vous avez un de ces procureurs spéciaux, ça vous gâche la présidence. Ça prend des années et des années, je ne pourrai rien faire. C’est la pire chose qui me soit arrivée», aurait-il dit.

Vendredi, le président américain a de nouveau qualifié l’enquête russe d’«arnaque qui a commencé de manière illégale et qui n’aurait jamais dû se produire».

La veille, il s’était réjoui de la fin d’une «chasse aux sorcières», estimant avoir été totalement innocenté par les conclusions du rapport. Il a exulté sur Twitter avec un message imitant la série culte «Game of Thrones», proclamant «Game Over» pour ses opposants.

«Méfaits»

Mais les démocrates ne l’entendent pas de cette oreille. Ils comptent bien capitaliser sur le fait que les conclusions du rapport Mueller ne l’ont pas blanchi des soupçons d’entrave à la justice.

Forts de leur majorité à la Chambre des représentants, les démocrates disposent du pouvoir de lancer des enquêtes parlementaires, d’assigner des témoins à comparaître et de réclamer des documents.

Ils ont déjà demandé au procureur Mueller de témoigner devant la Chambre des représentants d’ici le 23 mai (l’administration Trump a déclaré qu’elle ne s’y opposerait pas).

Vendredi, Jerry Nadler, chef de la commission judiciaire, a annoncé avoir émis une injonction pour obtenir «la version intégrale du rapport Mueller», c’est-à-dire non expurgée, et «les preuves à la base» du texte. La version publiée jeudi a en effet été expurgée de nombreuses informations confidentielles.

«Le ministère (de la Justice) doit se conformer à cette injonction d’ici le 1er mai», a dit M. Nadler dans un communiqué. «Même la version expurgée du rapport montre des cas de méfaits par le président Trump et certains de ses collaborateurs les plus proches. C’est maintenant au Congrès de déterminer la portée de ces fautes présumées et de décider quelles mesures nous devons prendre», a-t-il conclu.

(nxp/ats)