Syrie: Frappes russes et du régime meurtrières

 

Des frappes aériennes du régime syrien et de son allié russe, qui poursuivent une offensive contre les djihadistes et les rebelles dans le nord-ouest de la Syrie, ont tué mercredi 16 civils, a rapporté une ONG.

Parmi les victimes, 12 civils, dont six enfants, ont péri dans des bombardements aériens des forces du président Bachar el-Assad sur des quartiers résidentiels de la ville de Maaret al-Noomane, dans la province d’Idleb, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Cette ville se trouve sur l’autoroute stratégique reliant la capitale Damas à la grande ville du nord, Alep, toutes deux tenues par le pouvoir.

Une partie de la province d’Idleb (nord-ouest) et des secteurs adjacents des provinces d’Alep et Lattaquié restent dominés par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda). Des groupes rebelles pro-turcs y sont aussi présents. Soutenues par l’aviation russe, les forces du régime ont repris ces derniers jours plusieurs localités, poursuivant leur offensive au sol lancée le 8 août, après quatre mois de bombardements quasi quotidiens.

«Toutes les mesures nécessaires»

Plus tôt dans la journée, le régime ou son allié russe avait procédé à des frappes aériennes dans la région de Cheikh Maghar, dans le nord-ouest de la province de Hama, près d’un poste d’observation de l’armée turque, selon l’OSDH.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait promis mardi de prendre «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les troupes de son pays, déployées sur une dizaine de postes d’observation dans le nord-ouest de la Syrie voisine.

L’OSDH n’était pas en mesure de spécifier s’il s’agissait de raids russes ou du régime, qui bombardent intensément depuis fin avril Idleb et des secteurs adjacents dominés par les djihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’al-Qaïda). L’agence étatique turque Anadolu a assuré que le poste n’avait pas été touché.

La Turquie, qui soutient dans la région des rebelles syriens affaiblis, a établi 12 postes d’observation dans la zone. L’un d’entre eux a été encerclé la semaine dernière par les troupes de Damas, qui ont grignoté des territoires insurgés à la faveur de l’offensive lancée le 8 août.

Militaires en danger

Quelques jours plus tôt, des avions du régime avaient bombardé l’avant-garde d’un important convoi militaire dépêché par Ankara à Idleb. «La situation s’est tellement compliquée qu’à l’heure actuelle, nos militaires se trouvent en danger. Nous ne voulons pas que cela continue. Nous allons prendre toutes les mesures nécessaires», a prévenu mardi Recep Tayyip Erdogan, ajoutant en avoir «discuté» avec son homologue russe Vladimir Poutine lors d’un déplacement à Moscou.

Disant «comprendre» les inquiétudes d’Ankara pour la sécurité à sa frontière, Vladimir Poutine a ajouté avoir évoqué avec Recep Tayyip Erdogan «des mesures communes supplémentaires» pour «normaliser» la situation, sans donner plus de détails.

La région d’Idleb est censée être protégée par un accord sur une «zone démilitarisée», dévoilé en septembre 2018 par la Turquie et la Russie pour séparer les zones gouvernementales des territoires aux mains des djihadistes et des insurgés, mais cet accord n’a pas empêché l’offensive syrienne.

Depuis fin avril, les bombardements du régime syrien et de son allié russe ont tué environ 900 civils dans la région d’Idleb, selon l’OSDH. Et plus de 400’000 personnes ont été déplacées, d’après l’ONU. Déclenchée en 2011 par la répression par le pouvoir de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie a fait plus de 370’000 morts et des millions de déplacés.

(nxp/afp)