Législatives en Israël: Netanyahu et Gantz au coude-à-coude

 

Bibi ou Benny? Les Israéliens ont voté ce mardi pour des législatives âprement disputées opposant le premier ministre Benjamin Netanyahu, au pouvoir depuis une décennie, à l’ancien chef de l’armée Benny Gantz. Et cela cinq mois après un premier duel sans issue.

Les premiers sondages à la sortie des urnes commencent à tomber.

Le Likoud de Benjamin Netanyahu récoltait entre 31 et 33 sièges sur les 120 de la Knesset (Parlement israélien) et le parti «Bleu-blanc» de Benny Gantz entre 32 et 34, selon ces sondages. Ceux-ci ne voyaient aucun bloc majoritaire émerger au terme de ces élections.

Les Israéliens ont voté mardi pour la seconde fois cette année, après un scrutin en avril au terme duquel Benjamin Netanyahu, qui détient le record de longévité pour un chef de gouvernement israélien, avait échoué à former une coalition.

Si les sondages se confirment, il devrait faire face cette fois-ci aux mêmes difficultés pour constituer un gouvernement.

Israel Beitenou, le parti de l’ex-ministre de la Défense Avigdor Lieberman, qui avait fait échouer les négociations en avril et qui pourrait à nouveau faire figure de faiseur de roi, est crédité de huit à dix sièges selon les sondages.

A 20h, le taux de participation était de 63,7 %, un score légèrement supérieur à la même heure aux législatives d’avril.

6,4 millions d’électeurs

Un peu plus tôt dans la journée, Benjamin Netanyahu, 69 ans, dit «Bibi», a reconnu que les élections étaient «très serrées». Il a appelé ses compatriotes à voter en grand nombre.

Benny Gantz, 60 ans, a lui glissé son bulletin dans un bureau de vote de la banlieue de Tel-Aviv. «Nous arriverons à apporter un espoir, nous arriverons à apporter un changement, sans corruption et sans extrémisme, tous ensemble», a-t-il déclaré.

Quelque 6,4 millions d’électeurs étaient conviés jusqu’à 22h locales (20h suisse) dans les 10’700 bureaux de vote, surveillés par près de 19’000 policiers. A midi, le taux de participation était de 26,8%, un score supérieur à la même heure aux législatives d’avril.

Le Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu et la formation centriste Kahol Lavan, Bleu-blanc, de Benny Gantz avaient alors chacun obtenu 35 sièges sur les 120 de la Knesset, le Parlement.

Le président israélien Reuven Rivlin avait mandaté Benjamin Netanyahu pour former un gouvernement de coalition. Mais incapable d’y parvenir, Benjamin Netanyahu avait dissous le Parlement et provoqué un nouveau scrutin.

Netanyahu poursuivi pour corruption

Ce nouveau scrutin est d’autant plus crucial pour Benjamin Netanyahu qu’il intervient un mois avant sa comparution devant la justice pour des affaires de «corruption», «d’abus de confiance» et de «malversations».

Le Premier ministre est notamment soupçonné d’avoir tenté de s’assurer une couverture favorable de la part du site d’informations Walla, en contrepartie de faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des centaines de millions de dollars à Bezeq, principal groupe de télécommunications israélien dont le PDG était propriétaire de Walla.

Pour l’heure, l’actuel dirigeant n’est ni inculpé ni donc condamné, mais une victoire pourrait permettre à ses alliés de lui allouer une immunité.

Gantz joue la carte de la probité

Face à «Bibi», l’ancien général Benny Gantz, libéral sur les enjeux de société comme le mariage civil mais «faucon» sur les questions sécuritaires, joue la carte de la «probité». Il pourrait miser sur une alliance de partis laïcs – de gauche et arabe – face au bloc de droite de Netanyahu et de ses alliés de partis juifs ultra-orthodoxes.

«Le facteur décisif sera le taux de participation», estime Gayil Talshir, professeure de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem.

Lors du dernier scrutin, la participation avait avoisiné les 68%. Craignant de voir ses électeurs bouder les urnes, Benjamin Netanyahu a affirmé lundi qu’ils avaient le choix entre «un gouvernement faible», mené par «la gauche et les Arabes» et un «gouvernement fort de droite» mené par lui.

En Israël, le nombre de sièges de chaque liste électorale dépend du pourcentage de votes récoltés avec un seuil de 3,25% des voix pour entrer à la Knesset.

Outre le score du Likoud et du parti Bleu-blanc, les résultats des alliés potentiels de chacun seront déterminants, car la question n’est pas tant de savoir qui aura le plus de sièges entre Netanyahu et Gantz, mais lequel des deux sera en mesure d’atteindre, par des alliances, le nombre magique de 61 députés, seuil de la majorité au Parlement.

(nxp/ats)