La route doit cesser le massacre ! (Par Ibrahima Sène)

 

Il ne se passe plus un jour sans que nous parvienne la triste nouvelle de décès par accident de la route portant au moins sur 4 victimes, autant qu’au Mali ou au Burkina suite à des agressions djihadistes.
Et à quelques encablures du Grand Magal de Touba, le risque est gros d’enregistrer un nombre record d’accidents de la route et de morts.
Jusqu’ici, les mesures de prévention des accidents de la route prises par les pouvoirs publics et les campagnes de sensibilisation, malgré leurs coûts importants, n’ont eu aucun effet significatif sur les accidents.
L’on dirait que notre peuple est frappé par une fatalité de morts par accident de voiture en nombre grandissant, chaque jour que Dieu fait !
L’analyse des causes réelles de ces accidents dans notre pays s’est toujours focalisée, ou bien sur le comportement des chauffeurs sans aller jusqu’à leurs causes, ou bien sur l’état des véhicules et /des routes.
Cependant, comment ne pas prendre en compte, dans cette analyse, des résultats de la modernisation du transport par automobile des personnes et des biens suite à la politique de renouvellement des cars de transport privé urbain et inter urbain, et du renforcement du parc de DDD, avec ses nouvelles dessertes vers les régions.
Ce renouvellent réduit progressivement le mauvais état du parc par son vieillissement, ce qui devrait théoriquement contribuer à réduire le nombre d’accidents occasionné par l’état des véhicules.
Cette modernisation du parc avec des bus privés et publics climatisés et à grande capacité de sièges confortables, a, cependant, modifié l’offre de transport des voyageurs, exerçant une concurrence accrue dans le marché des voyageurs, en s’octroyant une part de plus en plus importante de clients au détriment des bus traditionnels de moindre capacité et de confort.
Les propriétaires des bus traditionnels, à la place d’investir pour moderniser leurs parcs, ont préféré exercer la pression sur les chauffeurs, qui, pour combler le manque à gagner de ces propriétaires véreux, sont obligés d’effectuer le plus de rotations possibles, pour honorer les versements quotidiens exigés par leurs patrons.
Dans ces conditions, le nombre de kilomètres de route de meilleure qualité ayant fortement augmenté depuis 2012, avec l’avènement des autoroutes et le bitumage des principaux axes routiers inter régionaux, il s’est développer chez ces chauffeurs, une forte propension à augmenter dangereusement leur vitesse pour obtenir le plus de rotations possibles, jour et nuit.
Ces conditions de travail de ces chauffeurs les mettent dans des conditions de stress, et souvent de surmenage, incompatibles avec une conduite sécurisée de véhicule de transport.
Surtout, que la plus part de ces bus sont dans des états de vétusté et de manque d’entretien, qui les transforme en « cercueil roulant ».
Cette situation s’est peu à peu installée dans notre pays, au fur et à mesure que l’apparition des bus modernes et l’amélioration de la qualité des routes, ont contribué à restreindre la part de marché des bus traditionnels, dont les chauffeurs n’ont ni contrat de travail, ni sécurité sociale, et ne vivent que de « commissions fixes », que l’insuffisance de recettes journalières peut réduire.
Avec ILLA Touba, si des dispositions expresses ne sont pas prises, l’on va tout droit vers une hécatombe à l’occasion du Grand Magal.
C’est pour cela, que les services du Ministère du Travail, les services de contrôle technique des véhicules de transport des voyageurs, et le contrôle autoroutier par la Police et la Gendarmerie, sont interpellés au premier Chef.
La tolérance dont bénéficient ces patrons de véhicules de transport des voyageurs en matière de respect de la Législation du Travail, devrait cesser, de même que celle des policiers et gendarmes vis-à-vis des « surcharges », des vitesses excessives », et de l’état de stress des chauffeurs.
Surtout, la visite technique de ces vieux bus devrait se faire avec plus de rigueur.
Cette tolérance, et ou/ manque de rigueur, a créé des présomptions de corruption de la part de ces agents de l’Etat exerçant un travail de sécurisation de la population.
Ainsi, en perspective du Magal, et à moyen terme, le Gouvernement devrait prendre toutes les mesures de contrôle hiérarchique sur leurs agents affectés à fonctions.
Tout laxisme ou complaisance dans ce domaine serait suicidaire pour notre peuple.
Dans le long terme, le Gouvernement devrait accélérer sa politique de modernisation des bus pour en finir avec les bus traditionnels devenus vétustes et dangereux pour la sécurité des populations.
Autant le projet BRT s’inscrit dans cette perspective dans la région de Dakar, autant, la continuation de la desserte inter urbaine de DDD devrait être renforcée.
Mieux, le Gouvernement devrait accélérer sa politique de diversification de l’offre de transport public des voyageurs et des marchandises par le train, et par le ferroutage.
Ibrahima SENE PIT/SENEGAL
Dakar le 21 Septembre 2019