Une guerre entre l’Arabie saoudite et l’Iran provoquerait un «effondrement total de l’économie mondiale», a estimé dimanche le prince Mohammed ben Salmane dans un entretien télévisé aux Etats-Unis, appelant la communauté internationale à «dissuader» Téhéran. «Si le monde n’agit pas fortement, fermement, pour dissuader l’Iran, nous assisterons à une escalade encore plus grave qui menacera les intérêts mondiaux», a affirmé le prince héritier lors de l’émission «60 Minutes» sur la chaîne CBS. «L’approvisionnement en pétrole sera perturbé et les cours grimperont à des hauteurs inimaginables, que nous n’avons jamais vues de notre vivant», a-t-il expliqué.
Selon lui, les conséquences toucheraient la planète entière: «La région représente environ 30% de l’approvisionnement mondial en énergie, à peu près 20% du trafic mondial de marchandises, environ 4% du PIB du monde. Imaginez que ces trois choses-là s’arrêtent toutes». «Cela signifie un effondrement total de l’économie mondiale, et pas seulement de l’Arabie saoudite ou des pays du Moyen-Orient», a avancé «MBS».
“[The attacks] disrupted 5.5% of the world’s energy needs, the needs of the U.S. and China and the whole world,” the Saudi crown prince says about the recent attack on two Saudi oil facilities https://t.co/BiRpnXSxPU pic.twitter.com/fBCzGhyQlJ
— 60 Minutes (@60Minutes) September 30, 2019
Il a estimé absurde l’attaque menée le 14 septembre contre des installations pétrolières saoudiennes, et que Ryad et Washington attribuent à l’Iran. «Il n’y a pas d’objectif stratégique. Seul un dingue attaquerait 5% de l’approvisionnement mondial. Le seul but stratégique est de prouver qu’ils sont stupides et c’est ce qu’ils ont fait», a lancé le prince.
Affaire Khashoggi
Le fils du roi Salmane a été interrogé pour savoir s’il avait ordonné l’assassinat du journaliste critique du régime Jamal Khashoggi à Istanbul en octobre 2018. «Absolument pas. C’était un crime horrible. Mais j’assume mon entière responsabilité en tant que dirigeant de l’Arabie saoudite, en particulier puisque c’est le fait d’individus travaillant pour le gouvernement saoudien», a-t-il répondu. «Quand un crime est commis contre un ressortissant saoudien par des responsables travaillant pour le gouvernement saoudien, en tant que dirigeant je dois assumer ma responsabilité. C’était une erreur».
Two of the crown prince’s closest advisors are accused of orchestrating the murder of journalist Jamal Khashoggi. “How could you not know [about the murder]?” Norah O’Donnell asks MBS https://t.co/A3GvK7eCCm pic.twitter.com/KpypiDFV4M
— 60 Minutes (@60Minutes) September 30, 2019
Le corps du journaliste, disparu après être entré dans le consulat saoudien d’Istanbul, n’a jamais été retrouvé, et les circonstances de son assassinat jamais clairement établies.
Mohammed ben Salmane a été mis en cause par un expert indépendant de l’ONU, qui a trouvé des «preuves crédibles» de son implication, tandis que la CIA estime probable que le prince héritier ait ordonné l’assassinat. La justice saoudienne a en revanche blanchi le dirigeant, et incarcéré plus d’une vingtaine de personnes dans l’enquête sur cet homicide, dont cinq risquent la peine de mort.
(nxp/afp)