Non assistance à personne en danger, gestion lamentable de crise, utilisation d’avions vétustes pour la desserte africaine : Le « Crash» Ethiopian Airlines constaté par les passagers du vol ET908

 

Le vol ET908 d’Ethiopian Airlines a frôlé le pire hier, mardi 08 octobre. Quelques minutes après son décollage de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, le Boieng 767 300ER, immatriculé ET AMG a rebroussé chemin. Son réacteur droit a pris feu. Le commandant de bord d’origine anglo-saxonne, qui a lancé des messages de secours, a dû compter sur ses 33 ans d’expérience pour poser le gros porteur qui perdait pourtant pied. « Fire on the board», criait-il, sans aucune réponse de la tour de contrôle.

De retour à la salle d’embarquement après, il a eu droit à une standing ovation de la part des 90 passagers qui étaient dans l’avion qui devait rallier Addis Abeba via Bamako. Un sort que vont sans doute lui envier des responsables de la Compagnie éthiopienne et pour cause.  

Vingt-quatre heures après, Dakaractu qui a donné l’information en exclusivité a contacté plusieurs passagers et la chanson est la même. Ethiopian Airlines a été lamentable dans la gestion de «crise» en plus d’avoir mis en danger la vie des voyageurs.

Selon les témoignages recueillis par nos soins, les passagers sont restés plus de 05 minutes dans l’appareil alors qu’ils auraient du être évacués dès l’atterrissage d’urgence. Qui plus est, des escaliers ont été utilisés en lieu et place d’un toboggan d’évacuation.

Gestion calamiteuse de crise  

S’y ajoute une « absence totale d’assistance de la part des responsables de la compagnie ». « Pas de psychologue, ni personne pour nous remonter le moral », se lamente une passagère qui a pu prendre un autre vol, dans l’après midi, vers 18 heures. Mais c’est non sans batailler ferme avec la compagnie éthiopienne pour être mise dans le vol du soir d’Emirates. « Ils n’ont pas voulu me mettre dans ce vol et ont prétexté qu’il ne restait que des sièges dans la Business Class. Je me suis rendu compte qu’ils ment…, y avait beaucoup de sièges de libre en classe économique », confie-t-elle à Dakaractu, désolée.

Pour elle, la compagnie a beaucoup péché dans la communication. Un sentiment partagé par sa camarade d’infortune qui préfère, itou, garder pour le moment l’anonymat. A l’en croire, en plus d’avoir joué avec leur vie, Ethiopian Airlines a fait montre d’un amateurisme sans commune mesure dans la gestion de l’après-évènement. «Ils devaient avoir une équipe pour nous encadrer, et surtout qu’on nous explique ce qui se passe, mais rien n’a été fait. Mais rien!», éclate-t-elle de colère.

Pour notre interlocutrice qui a voyagé un peu plus tard à bord d’un vol de Kenya Airways, « cette histoire ne doit pas se limiter là». «C’est un manque de respect notoire dont ils ont fait montre à notre égard», fait-elle constater avant d’alerter les autorités sénégalaises pour que cet avion qui a failli les envoyer dans l’autre monde ne soit plus autorisé à survoler l’espace aérien sénégalais, encore moins atterrir à l’AIBD. « C’est un vieil avion qui, d’après l’architecture qu’il présente, doit être âgé de 40 ans. L’état des sièges était lamentable. Ils étaient déchirés», décrit-elle le Boieng 767 300ER de Ethiopian.

Un cadre d’une institution internationale s’émeut de la vétuste de l’appareil qu’il croyait inopérationnel depuis fort longtemps. Il a été surpris d’apprendre que c’est à bord de ce « vieil avion » qu’il doit rentrer au Mali.

La confirmation aurait échappé d’un agent de la compagnie. «Ne vous inquiétez pas, vous demain (aujourd’hui), vous serez mis dans un avion neuf», aurait dit l’agent en question dans une discussion avec des passagers.

L’avion qui a frôlé le crash hier est âgé de 18 ans et 9 mois et a transité dans deux compagnies aériennes avant d’atterrir à Ethiopian où, selon nos sources, il n’en est pas à son premier couac.

Mais si ces deux passagères ont pu rallier leur destination finale, ce n’est pas le cas pour notre troisième interlocuteur.

Soumis à l’obligation de réserve, il ne peut décliner son identité. Mais révulsé par le cours des événements «je ne peux garder le silence».

« Discrimination »  

Ce qui le met hors de lui, c’est le mépris avec lequel certains passagers ont été traités, certainement à cause de leur «couleur de peau». «Je ne peux pas comprendre que des passagers, parce qu’ils ne sont pas d’ici, ont eu droit à toutes les faveurs au moment où nous sommes laissés en rade», se demande-t-il, enragé. «Je devais être en ce moment dans un pays d’Afrique centrale dans le cadre de mon travail. Mais je suis toujours au Sénégal par la faute de ces incapables qui m’avaient pourtant promis de me trouver un vol mardi à 21 heures. Ils m’ont demandé d’attendre le vol d’Ethiopian de ce mercredi mais il se trouve qu’aujourd’hui, il n’y a pas de vol prévu pour cette compagnie. Je suis obligé d’attendre jusqu’à jeudi pour quitter le Sénégal alors que j’aurais du être sur place depuis hier. Vous voyez un peu le préjudice qu’ils m’ont causé ?», vitupère-t-il.

Et pire encore, vu qu’il n’a pas souhaité passer la nuit au Radisson Blu, la compagnie lui a remis 30 000 francs FCFA comme frais de transport. Une série d’affronts qui ne resteront pas sans suite. « Je vais de ce pas voir mon avocat parce qu’il est impensable que cette affaire reste sans suite », promet-il.

Même son de cloche chez les deux premières dénonciatrices selon qui, des « poursuites judiciaires sont envisageables » pour que pareille situation ne se reproduise plus. Tous sont en tout cas sûrs de ne plus voyager à bord d’avions de cette compagnie.

Contacté par nos soins, un responsable d’Ethiopian Airlines a accusé réception de notre message mais n’a pas répondu.

dakaractu/