
Les droits civils et politiques concernant notamment le dossier Karim Wade ont occulté beaucoup d’autres points évoqués dans le cinquième rapport périodique présenté par le Sénégal à la 127ème session du Comité des droits de l’homme, les 14 et 15 octobre derniers, conformément à l’article 40 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Parmi ses points, il y a la dépénalisation de l’homosexualité. Sur ce point précis, le directeur exécutif d’Amnesty international Section Sénégal, Seydi Gassama se veut très clair : « Je ne fais pas moi de campagne pour qu’il en soit ainsi ». Il fait la précision dans le ’’Jury du dimanche’’ (JDD), émission de Mamoudou Ibra Kane, sur iRadio et Itv, ce 20 octobre. « Je ne fais pas de campagne, insiste-t-il. En ce moment, ce n’est pas dans notre agenda de travailler au Sénégal pour obtenir la dépénalisation (de l’homosexualité) ». Rappeler qu’au Sénégal, l’homosexualité n’est pas pénalisée mais les actes contre-nature.
Seydi Gassama, avocat des journalistes
Par contre, s’agissant de la dépénalisation des délits de presse, il se fait l’avocat des journalistes », signalant que « c’est une tendance au niveau mondial. Il y a beaucoup de pays en Afrique qui ont dépénalisé les délits de presse. Des pays comme le Niger. Le Sénégal doit le faire. J’ai beaucoup échangé avec les députés avant l’adoption du Code de la presse. Chacun évoque sa petite histoire avec la presse pour dire qu’il n’est pas d’accord. Mais les pays où on a dépénalisé les délits de presse n’ont pas brûlé. Les journalistes dans ces pays ne sont pas plus responsables que les (professionnels) Sénégalais. Je pense que si le président (Macky Sall) voulait réellement cette dépénalisation, sachant le pouvoir et l’influence qu’il a sur ses députés, on aurait eu la dépénalisation ».
« Prise en charge du droit de vote des détenus (provisoires) »
L’inéligibilité de Karim Wade et Khalifa Sall a été également abordée par le Comité des Nations Unies des droits de l’homme. « Les experts du Comité sont inquiets sur le fait que (leurs) condamnations aient entraîné (leur) inéligibilité », décrypte Seydi Gassama. Qui s’empresse d’ajouter : « Qu’au-delà de ces deux cas, il y a quand même au Sénégal beaucoup de personnes qui sont dans les liens de la détention, et qui jouissent de tous leurs droits civils et politiques. Et pourtant, ils sont privés du droit de vote. Le rapport a parlé d’environ quatre ou cinq mille personnes qui seraient en détention. Concernant l’inéligibilité des personnes en détention préventive, on peut penser que la jurisprudence Khalifa Sall a réglé le cas puisqu’il avait été autorisé à se présenter aux élections législatives alors qu’il n’avait pas encore été condamné de façon définitive. Donc, il y a cette jurisprudence qui ferait que demain si un détenu (détention provisoire) veut se présenter à une élection, on ne pourrait pas l’en empêcher. Pour ce qui concerne le droit de vote, c’est vraiment un déni du droit fondamental des détenus, qui est commis par l’Etat du Sénégal. Aujourd’hui, nous avons, d’ailleurs, attiré l’attention (des participants) au dialogue national sur ce déni de droit privé à des citoyens ».
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