
Conseiller technique n°2 du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Dr Barnabé Gning plaide « pour la sensibilisation des femmes en particulier et des populations en général ». Le représentant d’Abdoulaye Diouf Sarr s’est ainsi exprimé, ce samedi, 26 octobre, après la réception du projet de mémorandum pour une politique nationale de prévention des complications liées à la dépigmentation cosmétique volontaire (DCV) ou ’’Xessal’’, signé par l’Association internationale d’information sur la dépigmentation artificielle (AIIDA), les associations féminines, et celles de la société civile, visant « à restaurer l’estime de soi et à améliorer la qualité de vie ».
’’L’alerte est sonnée’’
Transmettant le message du ministre à la fin du panel tenu au Musée des civilisations noires, il dit : « Notre pays le Sénégal est confronté à cette pratique dont les taux de prévalence ont atteint des niveaux préoccupants tant en zone urbaine qu’en zone rurale. Cette dépigmentation est faite à base de produits détournés de leur usage médical normal. Et ensuite utilisés à des doses toxiques sur de longues périodes. La première conséquence est naturellement la destruction progressive de la mélanine, cette couche qui protège la peau noire contre les effets des rayons ultraviolets du soleil ».
Parmi les complications secondaires de ces pratiques inappropriées voire dangereuses, signale-t-il, « figurent en bonne place les maladies chroniques à soins coûteux comme les cancers, le diabète, l’hypertension artérielle, etc. Aujourd’hui, les proportions du recours à la dépigmentation volontaire dans certaines zones du pays augurent hélas la recrudescence des maladies précitées au Sénégal au cours des prochaines années. L’alerte est donc sonnée. Pour le ministère dont la mission est d’améliorer sans cesse la santé des populations, il est clair que la problématique de la dépigmentation volontaire est multifactorielle. C’est pourquoi, des stratégies multisectorielles et novatrices seront nécessaires pour lutter contre ce phénomène à l’image de la diversité des acteurs présents à ce panel ».
A court terme, ajoute Dr Gning, « notre action sera orientée sur la réduction de la prévalence de la dépigmentation volontaire. A long terme, l’objectif portera sur l’arrêt définitif de cette pratique au Sénégal ».
Un plaidoyer porté en présence de la parlementaire Juliette Paul Zinga, du Parti socialiste (PS) et membre de la majorité présidentielle, Benno Bokk Yakaar (BBY). « Je suis contre la dépigmentation depuis toujours parce que je ne vois pas l’utilité », dit-elle. Avant d’appeler à agir pour une législation contre la pratique.
Pr Amsatou Sow Sidibé, elle, recommande la tenue d’assises autour de ce « véritable » problème de santé publique. D’autant plus qu’a-t-elle retenu des spécialistes, « la dépigmentation touche la croissance du fœtus ».
Lors du panel, l’absence des véritables cibles, les femmes qui s’adonnent à la dépigmentation, a été déplorée.
N’empêche, engagées dans la lutte, la cantatrice Soda Mama Fall, les journalistes Oumy Ndour et Baye Oumar Gueye, Ndiaye Ciré BA, l’interprète de Djalika Sagna dans la série ’’Maîtresse d’un homme marié’’, et les femmes scientifiques, ont également élevé la voix.
Le point de vue de l’Eglise et de l’Islam
Il ressort des interventions de Sayda Fatou Kane et d’Abbé Jacques Niadiack, lors du panel, que le point de vue de l’Islam et « le même » que celui de l’Eglise, contre la pratique.
Dépigmentation et diabète
Dr Michel Assane Ndour, endocrino-diabétologue, explique le lien entre dépigmentation et diabète : « C’est surtout dû au passage des corticoïdes à travers le sang, qui peut augmenter le sucre et aggraver le diabète ou entraîner un diabète ». Ainsi, estime-t-il, « la prévalence par rapport aux dermocorticoïdes, et par rapport au ’’Xessal’’, tourne autour de 65% au Sénégal. Et ces complications aussi, il faut les estimer et elles sont assez fréquentes, et les chiffres peuvent tourner autour de 20 à 30% ».
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