LUTTE CONTRE LE TERRORISME EN AFRIQUE : « LES CHEFS D’ETAT DEVRAIENT ASSURER LEUR PROPRE DÉFENSE »

 

Les Français et les Allemands proposent de financer à hauteur de 7 milliards CFA les armées africaines qui sont dans la zone du Sahel où la menace terroriste est réelle. Un prétexte choisi par Alassane Samba DIOP pour demander à ses invités de l’émission « LR du temps »s’il est judicieux que ces pays financent la sécurité dans le Sahel.

Spécialiste en management et politique publique, Daouda Tall pense que dans le meilleur des mondes, on n’aurait pas besoin que la France ou les Etats Unis ou même d’autres pays financent les armées. A son avis, il s’agit d’une mission régalienne et, il pense que la première autonomie dont un Etat peut se prévaloir c’est de pouvoir assurer sa propre sécurité, sa propre défense. « Maintenant, les choses sont différentes. Nous avons des économies qui sont dans la plupart des cas faibles et parfois, des Etats à la limite en faillite avec de nombreux problèmes économiques, des problèmes liés à la sécurité. Et cela a comme conséquence la non-maitrise des enjeux sécuritaires dans la plupart des pays africains. Donc, le G5 Sahel (Tchad, Niger, Burkina Faso, Mali et Mauritanie) n’échappe pas à la faiblesse de la mission de la défense de chaque Etat », a déclaré M. Tall.

D’après lui, le terrorisme, ce sont des guerres qui ne sont pas conventionnelles, donc difficile à maitriser. « Il faut un bon renseignement, il faut des forces armées bien formées, des populations qui coopèrent. Il faut aussi des Etats qui se développent et qui empêchent à leurs populations jeunes de s’engager dans des lendemains incertains contre leur propre Etat. Je pense qu’aujourd’hui, on a besoin d’un appui extérieur dans la plupart des cas pour pouvoir faire face à cette menace terroriste qui aussi globale », dit-il. Cependant, il est d’avis que les pays africains ne doivent pas céder leur indépendance, leur mission régalienne, au profit d’autres pays. Pour lui, ce sont les africains qui doivent être devant et l’appui doit se faire derrière.

« L’intervention des Français n’a rien réglé au Mali »

Avocat à Strasbourg Tidiane Dabo, a abondé dans le même sens pour dire qu’un pays n’a que son intégrité territoriale. A l’en croire, l’intervention des Français au Mali a créé beaucoup de frustrations. « A un moment donné, on savait que l’armée malienne pouvait reprendre cette localité mais, ce sont les Français qui l’ont arrêtée. La France ne peut plus se comporter comme avant. Il faut composer avec les opinions publiques africaines et surtout dans le cadre du Mali. Ce qui se passe là-bas est flagrant et, il y a trop de frustration au sein de cette armée. Parce que, ce sont des gens qui se sentent un peu délaissés dans leur propre territoire. Et ça, je trouve que c’est inadmissible et on doit rectifier le tir parce que si on continue comme ça, on ne trouvera pas la solution », a expliqué la robe noire. Qui renseigne que la présence des français n’a rien réglé au Mali d’autant que la situation s’empire. « L’Allemagne va venir tout simplement pour marquer les choses pour ajouter 7 milliards de francs CFA. C’est vrai qu’il y a un problème matériel et financier mais, il y a un problème d’homme en Afrique. Et nous sommes confrontés à ça. C’est-à-dire avoir des gens qui sont capables de dire nous allons prendre nos destinés en main. C’est ça qui fait défaut. »

« Ce qui est arrivé au Mali peut nous arriver »

Par ailleurs, l’avocat a fait savoir que la crise qui prévaut au Mali peut avoir des conséquences sur le Sénégal à cause de la porosité des frontières. « Ce qui peut toucher le Mali peut nous toucher. La menace terroriste est là. C’est au Sénégal de renforcer sa sécurité au niveau de la frontière malienne. Aujourd’hui, tout le monde peut rentrer au Sénégal. Soyons vigilants sur ce qui se passe autour de nous parce que le Sénégal n’est pas à l’abri », alerte-t-il. Avant d’ajouter : « On est fataliste. La menace est tellement réellement qu’il ne faut pas la négliger. Les terroristes sont des nomades qui se déplacent comme ils veulent. Ils peuvent trouver des bases de replis comme ils veulent. Il faut faire attention. Il faut qu’on s’organise. Les alertes ne sont jamais suivies d’effet tant que cela ne fait pas pan aux yeux. Ce qui est arrivé au Mali est devant nos portes. Le Sénégal peut avoir des moyens de pouvoir surveiller son territoire de sorte que cette menace ne puisse pas se propager ».

emedia.sn /