France – Policiers brûlés: huit personnes condamnées

 

La cour d’assises de l’Essonne a condamné mercredi 8 jeunes à des peines allant de 10 à 20 ans de réclusion criminelle pour leur rôle dans l’agression de policiers brûlés au cocktail Molotov à Viry-Châtillon en 2016. Cinq autres personnes ont été acquittées.

Jugés à huis clos depuis le 15 octobre, les huit condamnés ont été reconnus coupables de tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique. Le verdict, rendu sous haute surveillance policière, a été accueilli dans le calme. La cour n’a pas suivi les réquisitions du parquet qui avait demandé jeudi, au terme d’un réquisitoire de cinq heures, des peines de 20 à 30 ans de réclusion criminelle contre les 13 accusés, âgés aujourd’hui de 19 à 24 ans.

Le 8 octobre 2016, deux voitures de police stationnées à proximité de la Grande Borne, l’une des cités les plus sensibles d’Île-de-France, avaient été prises d’assaut par un groupe d’individus cagoulés et munis de 13 cocktails Molotov, qui avaient incendié les véhicules.

Deux policiers en étaient ressortis gravement brûlés, deux autres plus légèrement. L’agression avait eu un immense retentissement et avait déclenché une fronde inédite dans la police. Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, avait dénoncé «un acte de guerre», «une attaque barbare, sauvage, qui était destinée à tuer».

A l’énoncé du verdict, après treize heures de délibération, les accusés, serrés les uns contre les autres dans le box, sont restés stoïques. En face, sur le banc des parties civiles, Vincent R. , le policier le plus gravement blessé, a maintenu sa tête baissée et a immédiatement quitté la salle d’audience une fois le jugement rendu.

Verdict critiqué

«Les victimes attendaient un signal fort de la justice, un message à destination de l’ensemble du peuple français, que l’on ne touche pas à un policier (…). Les peines prononcées sont extrêmement faibles par rapport à la qualification retenue», a réagi Laurent-Franck Liénard, avocat de deux des policiers brûlés. Dénonçant un verdict «incompréhensible», il a affirmé avoir «l’impression» que ces peines «n’étaient pas à la hauteur du crime».

Du côté de la défense, certains critiquaient au contraire un verdict trop sévère. «Quand on voit un gamin de 17 ans qui se prend 18 ans aux assises sans même que lui soit appliquée l’excuse de minorité, c’est parfaitement scandaleux. C’est un gamin de 17 ans qui a été complètement broyé par l’enquête», a réagi Me Deborah Meier-Mimran dont le client était mineur au moment des faits.

«C’est simplement une décision médiatique et c’est dramatique de voir à quel point les syndicats de police peuvent influencer l’opinion d’une cour d’assises», a-t-elle ajouté. Me Arnaud Simonard, dont le client a été acquitté, s’est dit lui «profondément soulagé»: «Je mesure le courage qui a été celui de la cour pour l’acquitter compte tenu des pressions, à chaque instant, politiques, des syndicats», a-t-il détaillé.

«En demi-teinte»

Les 13 jeunes identifiés par les enquêteurs étaient âgés de 16 à 21 ans à l’époque des faits. Les enquêteurs estiment qu’ils avaient planifié depuis quelques jours de «niquer des keufs». Quelques heures avant le verdict, une cinquantaine de policiers eux s’étaient rassemblés devant le tribunal d’Evry à l’appel des syndicats Alliance et Unité SGP.

«On ne comprend pas cette décision en demi-teinte avec une forme de mansuétude et notamment des peines de seulement 10 ans», a déclaré Loïc Travers, secrétaire national Ile-de-France d’Alliance.

(nxp/ats)