Retraites: La France s’apprête à vivre une grève géante

 

Une grève générale débute jeudi en France pour forcer le président Emmanuel Macron à abandonner son projet de réforme des retraites. Transports bloqués, écoles fermées et près de 250 cortèges organisés: ce bras de fer devrait paralyser le pays tout entier.

Message reçu: 90% des TGV et 80% des trains régionaux sont annulés, 11 lignes du métro parisien sont fermées. Jeudi noir aussi en perspective dans les transports à Strasbourg, Bordeaux, Marseille, Nantes ou Lille. Des grèves illimitées sont prévues à la RATP et à la SNCF où on s’attend déjà à un mouvement dans la durée.

Trains et vols de et vers la Suisse annulés

Répercussions directes en Suisse: jeudi, seul un aller et retour Paris-Bâle est prévu (départ de Paris 7h23, départ de Bâle 12h34). Les CFF déconseillent les voyages vers cette destination du 5 au 8 décembre. Ces deux trains circuleront avec un horaire modifié, car ils feront plusieurs arrêts exceptionnels sur leur parcours. Tous les autres TGV entre la Suisse et la France sont supprimés. Les autres relations franco-suisses régionales (TER) seront aussi très fortement touchées.

Dans le ciel, les compagnies aériennes ont été priées de réduire de 20% leur programme de vols. Par conséquent, Air France a annulé 30% de ses vols domestiques, 15% des moyen-courriers. La compagnie aérienne britannique EasyJet a annoncé mercredi l’annulation de 233 vols intérieurs et moyen-courriers. Ryanair a également annoncé des annulations sans donner de précisions.

En Suisse 25 vols sont annulés au départ de Genève-Aéroport et 26 à l’arrivée, a indiqué Madeleine von Holzen, porte-parole. Il s’agit de liaisons avec la France mais, aussi de certaines qui ne font que survoler l’espace aérien français, a-t-elle précisé. À Zurich, une rotation de Swiss Zurich-Paris est supprimée. D’autres vols pourraient l’être en journée, selon le service de presse.

Grève illimitée

Dans les écoles, un taux de grève de 55% est prévu nationalement, et de 78% à Paris, selon le Ministère français de l’éducation. Et ce n’est pas tout: policiers, éboueurs, avocats, retraités ou transporteurs routiers – qui planifient des opérations escargots – appellent aussi à la mobilisation. De même que des «gilets jaunes» et les partis d’opposition.

Anticipant un mouvement long dans un contexte social tendu où les mécontentements se multiplient (hôpital, police, pompiers, enseignants, cheminots, «gilets jaunes»…), l’exécutif maintient le cap. «Je n’y renoncerai pas», avait affirmé le chef de l’État qui a promis mercredi de s’exprimer «devant les Français au moment où je le considérerai opportun».

Le Ministère de l’intérieur s’attend à la présence de «quelques centaines» de «black blocs» et «gilets jaunes radicaux», «quelques milliers» dans tout le pays. Rien qu’à Paris, la préfecture de police a mobilisé près de 6000 policiers et gendarmes. Plusieurs sondages ont montré que si les Français sont favorables à une réforme des retraites, une majorité soutient également la grève, dans un pays qui sort de la forte fronde sociale des «gilets jaunes» à la fin de 2018 et au début de 2019.

(nxp/ats)