La déclaration d’Abidjan ne reçoit pas l’assentiment de beaucoup d’économistes africains. Pour beaucoup d’entre eux, il s’agit d’un subterfuge trouvé par la France pour maintenir sa mainmise sur la politique monétaire dans la zone CFA sans en donner l’air.
Assaillis par une vague de contestation de la présence française sur la politique monétaire des pays concernés, les chefs d’Etat sont soupçonnés d’utiliser l’ECO comme une autre béquille. De l’avis de Cheikh Fatma Diop, analyste financier, intervenant sur les questions d’instruments de financement de commerce international, rien ne change avec ce passage annoncé du CFA à l’ECO. « Désolé de vous le dire, le passage du FCFA à l’ECO ne changera pas l’existant et surtout ne permettra pas à nos Etats de contrôler leur politique monétaire. Les limites structurelles du FCFA seront reconduites avec l’ECO », lance-t-il, tout de go.
Pour lui, trois points suffisent à constater le surplace qui sera ainsi effectué :
« 1. Le dépôt de 50% de nos réserves de change auprès de la Banque de France (BF). Ce 21 décembre, le président Ouattara indique “La Banque de France continue d’être garante de la convertibilité de l’ECO”. Traduction : « Les devises générées par les opérations de commerce international des pays ECO seront logées à la BF ». Rien ne change.
2. “La parité fixe avec l’EURO est maintenue”. Traduction : 1 EURO vaudra toujours 655,957 Ecos. Rien ne change.
3. “Le retrait des représentants français à la BCEAO sera effectué”. Traduction : AUCUNE signification stratégique dans la mesure où la BF continue de déterminer nos réserves et taux de change et donc, reste notre réelle Banque Centrale. RIEN NE CHANGE. »
Une conclusion qui rejoint celle de l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla, pour qui « Macron et Ouattara se sont seulement débarrassés des atours les plus polémiques (du Franc CFA) » et signent ainsi le décès du projet d’intégration monétaire des pays de la CEDEAO.
Ce samedi, en marge de sa visite à Abidjan, le président de la France, Emmanuel Macron, a annoncé la fin du Franc CFA et le retrait de son pays dans les instances de décision de la politique monétaire des pays africains qui utilisent le CFA, qui sera ainsi remplacé par l’ECO.
