Irak: Téhéran riposte en frappant des bases US

 

L’Iran a annoncé tôt mercredi avoir tiré «des dizaines de missiles» sur une base en Irak utilisée par des soldats américains en représailles à l’assassinat à Bagdad par Washington du général iranien Qassem Soleimani, promettant des «réponses encore plus dévastatrices» en cas de nouvelle attaque américaine.

Le commandement militaire irakien a précisé mercredi que 22 missiles se sont abattus sur deux bases sur son sol sans faire de «victime parmi les forces irakiennes», après une riposte iranienne contre les intérêts des Etats-Unis qui ont assassiné vendredi le général iranien Qassem Soleimani.

«Entre 1h45 et 2h15 (23h45 et 0h15 en Suisse), l’Irak a été bombardé par 22 missiles – 17 sur la base aérienne d’Aïn al-Assad […] et cinq sur la ville d’Erbil – qui ont tous touché des installations de la coalition» internationale antidgihadistes emmenée par les Etats-Unis, indique-t-il dans un communiqué.

«Il n’y a eu aucune victime dans les rangs des forces irakiennes», est-il ajouté dans le texte, publié sept heures après l’attaque menée par Téhéran, parrain du pouvoir à Bagdad.

«Evaluation préliminaire des dégâts»

«Plus d’une douzaine de missiles» ont été tirés par l’Iran contre les bases d’Aïn al-Assad et d’Erbil, en Irak, utilisées par l’armée américaine, a indiqué mardi soir le Pentagone dans un communiqué. Quelques heures après cette riposte iranienne, de nombreux avions militaires survolaient Bagdad, ont constaté des journalistes de l’AFP.

«Le 7 janvier, l’Iran a tiré plus d’une douzaine de missiles balistiques contre les forces militaires américaines et de la coalition en Irak», a indiqué Jonathan Hoffman, porte-parole du Ministère américain de la défense dans un communiqué. «Il est clair que ces missiles ont été tirés depuis l’Iran et visaient au moins deux bases irakiennes hébergeant des militaires américains et membres de la coalition à al-Assad et à Erbil», a-t-il précisé.

Le Pentagone procède à une «évaluation préliminaire des dégâts», a dit le porte-parole. «Tandis que nous évaluons la situation et notre réponse, nous prendrons toutes les mesures nécessaires afin de protéger le personnel américain, ses partenaires et alliés dans la région», a déclaré le porte-parole.

Ces tirs interviennent alors que se terminent à peine les funérailles du général iranien Qassem Soleimani, assassiné vendredi à Bagdad sur ordre du président américain, Donald Trump, aux côtés de l’Irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, leader des paramilitaires pro-Iran désormais intégrés aux forces de sécurité irakiennes.

Menaces sur Israël et «des gouvernements alliés» de l’Amérique

Une quinzaine d’attaques à la roquette ont déjà visé des soldats et des diplomates américains en Irak depuis la fin octobre. Aucune n’a été revendiquée mais Washington en a attribué plusieurs aux factions irakiennes pro-Iran. Cette fois-ci, c’est Téhéran qui a revendiqué les raids de la nuit de mardi à mercredi.

Ces frappes, survenues en trois vagues, ont été menées avec «des dizaines de missiles», ont annoncé les Gardiens de la révolution iraniens, l’armée idéologique de la République islamique cités par la télévision d’État iranienne.

Les Gardiens de la révolution iraniens ont menacé mercredi de frapper Israël et «des gouvernements alliés» de l’Amérique. «Nous conseillons au peuple américain de rappeler les troupes américaines (déployées dans la région) afin d’éviter de nouvelles pertes et de ne pas permettre que la vie de ses soldats soit davantage menacée par la haine toujours croissante du régime» américain, ajoute l’armée idéologique iranienne dans un communiqué.

Trump suit la situation «de près»

De son côté, le président américain, Donald Trump, a annoncé mardi qu’il ferait une déclaration mercredi matin après les frappes iraniennes. «L’évaluation des dégâts et des victimes est en cours. Jusqu’ici, tout va bien!» a-t-il précisé dans un tweet. «Nous avons l’armée la plus puissante et la mieux équipée du monde, de loin!» a-t-il encore ajouté.

De son côté, l’Agence fédérale de l’aviation américaine (FAA) a interdit mardi soir aux avions civils américains le survol de l’Irak, de l’Iran et du Golfe, quelques heures après l’attaque de bases en Irak abritant des soldats américains. «L’Agence fédérale de l’aviation a émis des messages aux navigants aériens (NOTAMS) détaillant des restrictions de vol qui interdisent les opérateurs d’avions civils américains d’opérer dans l’espace aérien au-dessus de l’Irak, de l’Iran, et des eaux du golfe Persique et le golfe d’Oman», a annoncé la FAA dans un communiqué.

Londres condamne

Londres a «condamné» mercredi les attaques iraniennes en Irak «imprudentes et dangereuses» contre des bases de la coalition, incluant des forces britanniques, exprimant sa «préoccupation» quant à des «informations faisant état de blessés».

«Nous condamnons cette attaque sur des bases militaires irakiennes abritant des forces de la coalition, dont des Britanniques», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, exprimant sa «préoccupation» quant à des «informations faisant état de blessés et de l’utilisation de missiles balistiques».

Cette attaque intervient un peu plus de 24 heures après un cafouillage des États-Unis, leur commandement militaire affirmant se retirer du pays conformément à un appel du parlement et le Pentagone démentant. Plusieurs États membres de la coalition ont déjà retiré des soldats, par crainte de nouvelles attaques à la roquette, dont une quinzaine ont déjà visé des bases où sont postés les militaires de la coalition depuis fin octobre.

(nxp/afp)