Coronavirus en Italie: Codogno, ville fantôme un samedi soir

 

«C’est une ville fantôme, on vit horriblement, tout est fermé», déclare Paola, une promeneuse d’une cinquantaine d’années rencontrée par l’AFP avec son amie Giovanna, dans une rue déserte près de la gare. «Les gens sont enfermés chez eux, il n’y a personne dans les rues, c’est pour cette raison que je suis sortie, je ne risque pas de rencontrer qui que ce soit», ajoute-t-elle. La porte de la gare est ouverte mais les trains de la compagnie privée Trenord ne s’arrêtent plus à Codogno depuis vendredi soir. Personne derrière les guichets, aucun passager. Les haut-parleurs continuent toutefois à «prier de s’éloigner du bord des quais» lors du passage d’un train!
Dans le centre-ville, la situation est semblable: tout, absolument tout est fermé. Après 20h00 locales, seul fonctionne un distributeur automatique de nourriture ainsi qu’un autre où l’on peut acheter des cigarettes. C’est devant la machine à cigarettes que se forme une file: quatre personnes au total mais les deux couples se maintiennent à distance.

Les personnes qui se promènent sont rarissimes, essentiellement des propriétaires de chiens. Ceux qui sortent de chez eux, éventuellement pour se rendre dans une des pharmacies de la ville, restées ouvertes sur consigne des autorités, n’ont généralement pas de protection. «Les gens achètent les médicaments qu’ils ont l’habitude de prendre. Ils demandent au passage si nous avons des masques.

Malheureusement, les masques sont épuisés depuis un bon moment vu que la majeure partie venait de Chine. Ils les ont gardé, ils ont en besoin, ils ont des problèmes», explique à l’AFP Rosa Cavalli, propriétaire d’une pharmacie du centre.
«Alors ils demandent des produits pour désinfecter, de l’alcool, de l’eau de javel et nous les conseillons», ajoute cette quinquagénaire.

Des problèmes de ravitaillement?

Elle-même avoue: «nous avons tous peur mais on croise les doigts, espérons que tout ira bien». La pharmacienne redoute que «d’ici quelques jours, il pourrait y avoir des problèmes de ravitaillement en nourriture». Rosa conseille aussi aux personnes malades de se manifester au plus vite en appelant les numéros de secours. «Si les personnes se présentent à l’hôpital en situation désespérée, ça devient beaucoup plus difficile de les guérir».

Erica, une serveuse d’une vingtaine d’années travaillant dans un restaurant qui a fermé vendredi pour 15 jours au moins, est sortie avec un ami pour acheter des boissons et des snacks au distributeur automatique. «Nous cherchons à rester calme car dans ces situations il est facile de paniquer, nous achetons des provisions de nourriture car on ne sait pas si les supermarchés resteront ouverts», dit-elle à l’AFP. «J’ai un peu peur, car on peut tous être contaminés, moi travaillant dans un restaurant j’ai beaucoup de contacts avec les gens», reconnaît la jeune femme. Elle veut «passer une soirée tranquille. La famille aussi a peur, on est tous enfermés dans la maison».

L’Italie a été vendredi le premier pays européen à déplorer le décès d’un de ses ressortissants, un maçon de 78 ans mort en Vénétie, suivi samedi d’une résidente de 77 ans d’un village proche de Codogno, depuis le début de l’épidémie de pneumonie virale en Chine en décembre.

La péninsule est aussi le pays européen comptant le plus de cas avec au moins une soixantaine de personnes testées positives au nouveau coronavirus dont 46 en Lombardie et 12 en Vénétie ainsi qu’un cas à Turin. Une dizaine de villes ont été placées en semi-confinement avec plus de 50.000 personnes priées de rester chez elles et d’éviter les endroits clos.

(afp)