Deux mots pour Aminata Touré !

 

 

Je suis un Sénégalais de l’extérieur mais j’ai investi dans mon pays avec désintérêt. C’est donc de loin, tout en état proche, que je suis l’actualité foncièrement dominée par la politique. Que dis-je ? Une certaine politique.

Car les prises de position dans notre pays nous donnent parfois le tournis tellement les acteurs avancent cachés. Les camaraderies feintes et les reniements sont tellement courants que je me préoccupe sérieusement pour les générations prochaines qui voudront s’aventurer en politique. Il est difficile de séparer la bonne graine de l’ivraie. Et nous avons l’impression que nous sommes dans une République qui n’a jamais connu de coup d’Etat mais où le coup d’Etat est permanent.

Nous avons une opposition qui tente parfois de s’accrocher à ses lignes et qui en oublie souvent l’intérêt national. Sans une opposition pertinente, il n’y a pas de démocratie véritable. Et je ne suis pas dans le formalisme politique mais dans l’analyse lucide des jeux de pouvoir.

Par contre, parfois, j’ai l’impression que la véritable opposition, c’est le parti au pouvoir ou plutôt quelques uns de ses militants parmi les mieux placés d’ailleurs dans la hiérarchie.

C’est l’opposition, elle-même qui après sa dernière défaite a sorti un nouveau lièvre sur un troisième mandat du Président Macky Sall. Un débat qui a fini de s’imposer alors que nous étions juste à l’entame d’une nouvelle investiture. Ce qui m’inquiète est que cela ne semble inquiéter personne alors qu’il est presque impossible de gouverner sereinement avec un débat aussi prématuré. Et je comprends parfaitement que le président Macky Sall esquive la question. Autrement, que lui restera-t-il à faire pour son mandat actuel ?

Et c’est cette perspective relativement lointaine de la fin de son mandat qui est brandie à tout bout de champ par certains membres de l’Apr eux-mêmes pour pointer telle ou telle ambition.

En vérité, un homme politique sans ambitions ne l’est pas. Mais chemin faisant, ce débat malsain devient un bon prétexte pour essayer de liquider un adversaire interne en le mettant à mal avec le Président ou pour susciter sa connivence du genre : « Arrêtez-moi ou je vais faire un malheur ! ».

Plusieurs têtes sont visiblement à couper.

Le cas de Aminata Touré est le plus révoltant. Car comment peut-on nier son appartenance et sa fidélité politiques alors qu’elle était aux côtés de Macky Sall ce fameux 23 juin ? Mieux, c’est par patriotisme qu’elle a bravé ses obligations de réserve en tant que fonctionnaire internationale pour rallier la capitale sénégalaise dès le 19 juin afin d’être au cœur de ce fameux tournant démocratique. C’est franchement mépriser la mémoire des Sénégalais que de présenter la Directrice de campagne attitrée de Macky Sall comme une militante de la dernière heure.

C’est sûr, la rigueur caractéristique de cette dame n’est pas du goût de tout le monde. Je crois sincèrement que le Sénégal a besoin d’hommes et de femmes politiques rigoureux. Il ne nous manque rien d’autre. J’en sui persuadé, moi qui vit à l’étranger.

Nous passons largement à côté de beaucoup de vrais débats politiques parce que la galerie est constellée de politiciens à deux sous ! Et c’est dommage.

C’est pourquoi je trouve injuste les insinuations et les contrevérités débitées à l’endroit de Aminata Touré qui présente l’autre désavantage d’être une femme. Car elles sont nombreuses les femmes politiques de qualité qui ne sont pas à leur juste place : Aminata Mbengue Ndiaye, Aissata Tall Sall, Aminata Sow Sidibé…

L’une de nos contradictions majeures est qu’au-delà des beaux discours, nous avons encore beaucoup de préjugés sur les femmes leaders. Mais ceci n’en fait pas moins de Aminata Touré une femme leader qui a fait la preuve de son efficacité et de son engagement pour le Sénégal. Elle a clairement choisi de porter son soutien au président Macky Sall sans rien demander en retour, d’ailleurs. Et c’est avec une fidélité sans failles qu’elle continue de le servir en évitant d’être distraite pour une certaine fausse clameur savamment entretenue.

Si elle avait de nouvelles ambitions très précises, nous connaissons assez son courage pour les préciser haut et fort. Jusque là, elle dit qu’elle ne travaillait que pour Macky Sall. Pour les esprits retors, la constance dérange et inquiète.

Et si on laissait Aminata Touré travailler pour son pays ?

Ousmane DIA, Gestionnaire et Médiateur culturel, artiste plasticien, enseignant d’arts visuels à Genève.