Coronavirus: En Espagne, le nombre de morts atteint un record

 

La pandémie de coronavirus continue ses ravages sur une planète pourtant largement confinée: l’Espagne a battu mardi son triste record de décès journalier, pendant que les habitants de Wuhan, berceau du coronavirus, sortaient enfin de chez eux pour enterrer leurs morts. Le bilan de l’épidémie s’est de nouveau alourdi mardi, avec plus de 38’400 morts dans le monde, le cap des 11’000 morts franchi en Italie, celui des 3000 dépassé aux Etats-Unis, et 849 nouveaux décès enregistrés en 24 heures en Espagne.

Pas de cérémonies funéraires

Deuxième pays le plus endeuillé au monde avec 8189 décès, l’Espagne a interdit les cérémonies funéraires, limitant à trois le nombre de participants à un enterrement. La grande crainte des autorités espagnoles reste de voir submergées les unités de soins intensifs qui travaillent déjà à la limite de leurs capacités avec un personnel qui se plaint amèrement du manque d’équipements de protection.

En Chine, à Wuhan, où le confinement est progressivement levé, les premiers pas en plein air des habitants sont consacrés à déposer sur les tombes de pierre les urnes contenant les cendres de leurs proches – dans cette ville de 11 millions d’habitants, plus de 2500 personnes sont officiellement mortes du Covid-19.

Ailleurs, on guette fébrilement le pic du taux de mortalité, annonciateur d’un reflux et d’un désengorgement des services de réanimation. En Italie, pays qui enregistre le plus grand nombre de décès, le confinement commence à produire des résultats encourageants, après trois semaines.

«Nous pouvons espérer atteindre le pic dans sept ou dix jours, puis, raisonnablement, une décrue de la contagion», a déclaré le vice-ministre de la Santé, Pierpaolo Sileri. Le pays a observé mardi midi une minute de silence et mis le drapeau tricolore en berne en «souvenir des victimes du coronavirus» et en hommage aux professionnels de santé.

«Vous devez choisir»

Sur la place du Capitole à Rome, la maire Virginia Raggi, qui arborait une écharpe tricolore sur un manteau noir, a évoqué «une blessure qui touche le pays tout entier». «Ensemble, nous nous en sortirons», a-t-elle promis.

Aux Etats-Unis, qui recensent de loin le plus grand nombre de cas officiellement confirmés (164’610), c’est la mobilisation générale: près des trois-quarts des Américains vivent désormais confinés, d’une manière plus ou moins stricte.

Un navire-hôpital de 1000 lits est arrivé à New York, épicentre de l’épidémie. Des hôpitaux provisoires ont aussi été érigés dans un centre de conférences ou sous des tentes montées en plein Central Park.

Des médecins new-yorkais s’inquiètent d’une possible pénurie en respirateurs artificiels. «S’il y a un afflux et que vous n’avez qu’un nombre limité de respirateurs, vous ne pouvez pas ventiler tout le monde», redoute Shamit Patel, 46 ans. «Et à partir de là, vous devez choisir».

Appel à la solidarité

Les ministres des Finances du G20 doivent se réunir mardi par visio-conférence pour apporter une réponse à cette crise mondiale, qui met les ressources des Etats sous tension. La France va y lancer un appel à la solidarité en faveur des pays les plus fragiles, notamment africains.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a prévenu mardi que les mesures d’urgence prises par les Etats membres dans la lutte contre le coronavirus «doivent être limitées à ce qui est nécessaire» et être «strictement proportionnées», au lendemain d’un vote en Hongrie attribuant à Viktor Orban des pouvoirs supplémentaires.

Plus de 3000 morts en France

En France, où plus de 3000 personnes ont succombé au virus à l’hôpital, dont un pic de 418 en 24 heures, les soignants sont au bout du rouleau. «Ce matin, en me réveillant, je pleure. En déjeunant, je pleure. En me préparant, je pleure (…) Là, dans les vestiaires de l’hôpital, je sèche mes larmes. J’inspire. J’expire. Les gens dans les lits pleurent aussi et c’est à moi qu’il incombe de sécher leurs larmes», témoignait sur Facebook, Elise, infirmière à Besançon (est).

Région la plus touchée par la pandémie, l’Europe a toutefois affiché sa solidarité, en livrant du matériel médical à l’Iran, dans le cadre du mécanisme de troc Instex permettant de contourner les sanctions américaines. L’Iran est durement frappée par le coronavirus, qui y a fait 2898 morts.

Près de la moitié de l’humanité confinée

Et la Grèce a fait part du premier cas officiel de contamination au Covid-19, chez une migrante africaine vivant dans le camp de Ritsona, près d’Athènes. Pour freiner la propagation de la pandémie, plus de 3,6 milliards de personnes, soit 46,5% de la population mondiale, sont appelées ou contraintes par leurs autorités à rester chez elles.

Le porte-parole du Kremlin a indiqué que le président russe se faisait dépister régulièrement et que «tout est normal», après l’annonce que le médecin-chef du principal hôpital moscovite traitant les malades du coronavirus, qui avait rencontré Vladimir Poutine la semaine dernière, a été infecté.

L’Indonésie a déclaré mardi l’état d’urgence mais pas de confinement généralisé, malgré les appels pressants dans ce pays qui compte la quatrième plus grande population au monde.

Pari ambitieux

A l’inverse, Lagos, la capitale économique du Nigeria d’ordinaire bouillonnante, s’est réveillée mardi avec des rues désertes et un silence assourdissant. Sur l’autoroute qui relie Lagos à Abeokuta, des enfants se sont accaparées les triples voies ordinairement bondées pour jouer au football.

Le confinement, un pari aussi ambitieux que risqué semblait accepté dans une grande partie de la tentaculaire mégalopole de 20 millions d’habitants. La ville vit toujours sous le spectre d’Ebola, qui aurait pu être «une épidémie urbaine apocalyptique» en 2014 selon l’OMS, mais que les autorités ont réussi à limiter à 7 décès.

Mais dans les zones les plus pauvres, la colère gronde déjà. «Vous savez, au Nigeria, déjà quand on travaille, on a faim», interpelle Samuel Agber, réparateur de climatisation. «Alors imaginez si on ne travaille pas!».

Comme en écho, une vieille femme qui fait la queue pour obtenir les aides sociales dans un township de Port Elizabeth, en Afrique du sud, s’indigne: «On s’en fout de ce virus, on a des enfants et des petits-enfants à nourrir!».

(nxp/afp)