Kédougou: une équation à plusieurs inconnues

 

«Tâtonnement ou pure utopie qui risque d’avoir des conséquences désastreuses », «Possible si l’État fait les ajustements nécessaires» ou encore…En tout cas, les avis sont partagés à Kédougou sur le «déconfinement» annoncé de l’école, le 02 juin prochain.

M. SANE, REPRESENTANT SAEMSS «…Laissons jusqu’au mois d’octobre pour la réouverture»

«A mon avis, ce serait très difficile pour plusieurs raisons. A Kédougou, il pleut trop tôt, nous sommes dans une région où la paupérisation est très avancée, les enfants vont aider les parents dans les travaux champêtres. Ils ne vont pas prendre le risque de les laisser à l’école et payer les pots cassés après, car à la fin de l’hivernage, ils n’auront pas de quoi se nourrir. Ensuite, la distanciation sociale sera très difficile à respecter. Il y a des écoles qui ne disposent que d’un seul Professeur de M/SVT et Mathématiques/Sciences Physiques pour une classe de 80 ou 70 élèves. Et on nous dit qu’il va y avoir un élève par table-banc. Alors comment le professeur pourrait-il faire pour assurer les enseignements-apprentissages pour tout le monde; c’est quasiment impossible…Le transport interurbain des enseignants sera également très difficile. Non seulement, il est interdit mais la plupart d’entre eux n’ont pas de moyens de locomotion. Alors comment est-ce qu’on pourrait respecter leur acheminement dans les zones où ils servent avec la limitation du nombre de passagers dans chaque bus du fait de la distanciation sociale ? Je pense que ce n’est pas faisable. Et on ne va pas se laisser faire parce que nous sommes chargés de défendre les intérêts matériels et moraux des enseignants. Ma proposition est donc la suivante: laissons jusqu’au mois d’Octobre pour la réouverture. On déroule les cours jusqu’en fin décembre pour faire tous les examens. Et en janvier 2021, on entame une nouvelle année jusqu’au mois d’août pour faire les examens de l’année en cours ».

MONSIEUR BA, PROFESSEUR D’ANGLAIS AU LYCEE SYLLACOUNDA «si ça marche, la réouverture pourrait être étendue aux classes intermédiaires»

«Si on se base sur la pluviométrie de Kédougou, je dirais que ce sera difficile car les pluies commencent à tomber fin mai. Qui plus est, la plupart des élèves sont issues de familles de cultivateurs. Pendant l’hivernage, tous les enfants vont aux champs. Il faudra donc une organisation méthodique des apprentissages. En ce qui concerne l’effectif des classes, je pense que les syndicalistes et le ministère ont donné deux possibilités, à savoir scinder les classes pléthoriques. Et dans l’éventualité où un seul professeur détiendrait une classe en deux matières différentes, on pourrait régler facilement la question. Diviser les salles de classes avec un quantum horaire réduit vaut mieux que rien… Dans les salles de classes, c’est possible de respecter la distance sociale. Il suffit de diminuer les effectifs en les ramenant à 25 élèves tout au plus dans les grandes salles et mettre un élève à chaque table-banc… Je suis totalement pour la réouverture des classes, ce 02 juin. Il faut sauver l’année.

ASSIETOU .S. (NOM D’EMPRUNT), PARENTE D’ELEVES «Mon désir est de voir mes enfants arpenter le chemin de l’école mais…»

Mon désir le plus ardent est de voir mes enfants arpenter le chemin de l’école. A la maison, ils deviennent difficiles à gérer. A l’école, au moins, j’aurais l’esprit tranquille, car je saurais qu’ils sont entre de bonnes mains. Mais, je pense que même si leur réussite me tient à cœur, je préfère les voir en bonne santé, quitte à ce qu’ils quittent l’école. La santé prime sur tout. Sans elle, impossible de faire n’importe quelle activité, à plus forte raison étudier, qui demande non seulement de la volonté mais aussi jouir de toutes ses capacités physiques et intellectuelles. Comme le dit l’adage «à l’impossible nul n’est tenu». Cette situation est regrettable. Le Covid19 a plombé toutes nos activités. Comment se battre avec un ennemi invisible et qui se déplace comme bon lui semble? Face à la décision de l’État de rouvrir les écoles, on ne peut s’y opposer mais j’espère de tout cœur qu’ils prendront les dispositions nécessaires pour assurer la bonne santé de nos enfants. Je suis mitigée et confuse »

sudonline.sn /