« Il n’y a pas d’Etat de droit sans une justice indépendante »

 

 

Aussi longtemps que notre système judiciaire sera perçu comme un pouvoir corrompu et/ou complaisant – et n’aura pas donné des preuves irréfutables du contraire – ne nous offusquons pas que nos concitoyens soient « pris en otage » et jugés par des tribunaux considérés plus diligents et justes. Les arguties et les plaidoiries politiciennes n’y feront rien. Il reste à espérer le droit soit dit, justement.

Tant que l’injustice sera endémique dans notre société, ne nous étonnons pas que des puissances militaires et économiques tordent la main à nos dirigeants politiques et à nos juges afin qu’ils fassent les diligences nécessaires pour distribuer la justice à des « intouchables » protégés par leur richesse ou par leurs complices bien placés dans l’appareil d’Etat. Evidemment, ces puissances seront d’autant plus enclines à agir que leurs intérêts nationaux seront menacés. Il faut être naïf pour penser que ce serait pour le bonheur de notre peuple.

Il n’y a pas d’Etat de droit sans une justice indépendante. Point d’Etat performant sans une administration rigoureuse et vertueuse. Pas de progrès économique et social sans un peuple éduqué et travailleur, bien informé (par une presse indépendante et professionnelle), libre de corps et d’esprit. Il n’y a pas de paix sociale ; il n’y a simplement pas de paix, en dehors de l’Etat de droit.

Lorsque la colère du peuple débordera les digues artificielles que des forces conservatrices ont bâties dans l’esprit obscurci de nos leaders, les immunités politiques, confrériques, financières, parlementaires, socioculturelles, fonctionnelles, etc. ne suffiront pas pour protéger les ploutocrates, leurs affidés et leurs courtisans de la vague déferlante qui s’abattra sur eux.

Le moment venu, les thuriféraires grassement payés, les villas fortifiées, les gros bras volontairement vidés de leur humanité; rien n’empêchera les pillards de rendre gorge.

Ce moment sera d’autant plus inévitable que les prédateurs des biens publics ne se fixeront pas de limite et qu’ils seront tellement pris à leur coupable industrie qu’ils ne verront pas venir la vindicte populaire.

Souleymane Niang