Le billet : Leçon islandaise

 

Le Président islandais, Gudni Johannesson, a bénéficié d’une réélection triomphale samedi 27 juin, avec près de 90 % des voix. Vous avez bien lu. 90,6 % pour être prévis. En Afrique, les railleries auraient fusé de partout. «Réélection à la hussarde» auraient sans doute titré quelques journaux.Cette petite île volcanique de 365.000 habitants a fait le choix de la continuité en reconduisant cet universitaire, professeur d’histoire de 52 ans, sans étiquette politique, douze ans après la faillite spectaculaire de ses banques en 2008, et à l’aube d’une nouvelle crise économique mondiale due au coronavirus.

Il faut dire que dans ce petit pays nordique, le Président de la République a un rôle essentiellement protocolaire. Un seul véritable pouvoir lui revient, et il est important : un droit constitutionnel de bloquer la promulgation d’une loi et de la soumettre à référendum. Ce n’est pas comme en Afrique et ailleurs dans le monde où le chef de l’État est l’alpha et l’oméga de la vie de la nation.Sans énorme enjeu, la présidentielle islandaise peut revendiquer une place à part dans l’histoire de l’égalité hommes-femmes. En 1980, elle avait conduit à l’élection de la première femme chef d’État au monde, en la personne de Vigdis Finnbogadottir, 90 ans, aujourd’hui. Mais elle démontre qu’on peut élire un Président sans fureur inutile. Et, surtout, sans fractures meurtrières entre camps adverses.

Sidy DIOP / lesoleil.sn /