Licences de Pêche : L’avis Scientifique du Crodt qui prend le contre pied du ministre.

 

Par correspondance n°110 D-CRODT du 27 mai 2020, le Centre de Recherches Océanographiques de Dakar-Thiaroye (CRODT) a réagi à la saisine officielle de la Coalition (courrier GAIPES-S.G. AD/SDS/028/2020 du 11 mai 2020) demandant un éclairage de la Recherche sur l’état de nos principales ressources halieutiques. 

Les Chercheurs du CRODT sont formels : les stocks de Sardinelle plate (yaboy tass), de sardinelle ronde (yaboymeureug) et de Merlu (banana) sont surexploités (Tableau I).

En d’autres termes, les stocks de yaboy tass (Sardinelle plate), de yaboy meureug (Sardinelle ronde) et de Merlu (banana)n’offrent pas un reliquat pouvant justifier l’octroi denouvelles licences de pêche. La recherche recommande, par ailleurs, une réduction de l’effort de pêche actuel sur ces espèces.

Ainsi, il s’avère que les attributions de licences dans des conditions obscures sur la période 2018- 2020 ont contribué à aggraver la situation de surexploitation des sardinelles et du merlu.

Par conséquent, considérant lavis de la Recherche et en application des principes de durabilité et de gestion prudentielle,délivrer des licences de pêche sur ces ressources déjà mal en point, malgré les alertes persistantes des professionnels de la pêchec’est :

– précipiter l’effondrement des stocks de poisson et compromettre la pérennité de l’activité de pêche;
– remettre en cause les conventions et engagements du Sénégal en la matière au niveau international;
– violer la Constitution notamment en son article 25-1 sur la transparence et l’exploitation écologiquement durable des ressources naturelles ;
– ne pas appliquer le Code de la pêche tel que demandé par le Chef de l’Etat en Conseil des Ministres;
– menacer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations des générations actuelles et à venir.

Lresponsabilité du Ministère des Pêches et de l’Économie Maritime est engagée.

En conséquence, nous demandons respectueusement aux Autorités nationales compétentes :

– de sortir les bateaux introduits dans la flotte nationale de façon non conforme (entre 2018 et 2020) et de geler toute délivrance de nouvelles licences de pêche sur des espèces pleinement exploitées ou surexploitées afin que l’avenir de la pêche (artisanale et industrielle), des femmes transformatrices, des mareyeuses, mareyeurs et des entreprises ne soit pas menacé ;
– de revoir les attributs de la Commission Nationale Consultative d’Attribution des Licences de Pêche et d’en faire une commission délibérative pour une gestion responsable et concertée de nos ressources halieutiques.

Par ailleurs, nous, organisations membres de la Coalition,déplorons le formatla manière ainsi que le caractère non inclusif des concertations organisées par le département des pêches. Non seulement le Ministère n’a pas voulu formaliser les convocations à ces rencontres dont il a été l’initiateurmais nous avons constaté avec regret, une volonté manifeste et délibérée de diviser les Organisations professionnelles.

Plus désolant encore, nous avons été choqués et outrés par laréaction discourtoise de Monsieur le Ministre à l’endroit de certains de nos membres, notamment les femmes transformatrices de produits halieutiques.

Par rapport au problème des licences, Monsieur le Ministre campe sur sa position, affirmant qu’il n’a approuvé, à ce jour, que des demandes de renouvellement et de changement d’option pour des navires ayant déjà des licences, et qu’il n’a signé aucune nouvelle licence de pêche industrielle.

Concernant la demande de publication du registre des navires autorisés à pêcher au Sénégal, pour la période 2018-2020relayée par toutes les organisations membres de la Coalition, qu’il a reçues, le Ministre n’a pas apporté de réponseC’est pourquoi, nous réitérons notre requête relative à la publication dudit registre des navires afin d’améliorer la transparencedans la gestion des licences de pêche.

Signé la Coalition