Présidentielle américaine: «Il est tellement arrogant qu’il ne mérite pas d’être président»

 

 

L’avocate texane Monica Haft a presque immédiatement regretté son vote pour Donald Trump en 2016. Près de cent jours avant l’élection présidentielle américaine, elle assure qu’elle ne répètera pas son erreur: en novembre, elle votera pour Joe Biden.

Mme Haft, 51 ans, a toujours voté républicain mais elle est désormais prête à voter démocrate pour «virer Trump», qu’elle considère inapte à la présidence et dont elle critique la gestion de la crise sanitaire. «Je ne peux même pas imaginer ce qui arriverait à notre pays après quatre années supplémentaires» de Trump au pouvoir, s’inquiète-t-elle, interviewée par l’AFP dans un parc de la ville conservatrice de Plano, dans la région de Dallas, au Texas.

Certaines de ses connaissances l’ont supprimée de leurs réseaux sociaux et les débats en famille ne sont pas toujours tendres.

Mais Monica Haft compte sur certains de ses amis et collègues, comme elle «écoeurés» et mis «mal à l’aise» par le président Trump, pour faire basculer le Texas, bastion des républicains depuis 1976, vers le bleu démocrate.

«La réponse de Trump au Covid-19 a vraiment énervé beaucoup de gens qui lui accordaient auparavant le bénéfice du doute», abonde Claire Young, une républicaine de 43 ans depuis un village aux environs d’Austin (centre).

Coude-à-coude

Remporter le Texas, où plus de 16 millions de personnes sont inscrites sur les listes électorales, changerait la donne pour Joe Biden.

L’ancien vice-président mène dans les sondages nationaux et apparaît aussi en tête d’Etats qui peuvent changer le cours de l’élection, comme la Floride, le Michigan et la Caroline du Nord.

Au Texas, gros foyer de la pandémie de coronavirus qui rapporte plus de 350’000 cas et 4348 décès, Joe Biden et Donald Trump sont au coude-à-coude.

Une étude de l’université Quinnipiac publiée mercredi établissait que Joe Biden était soutenu par 45% des électeurs texans, contre 44% pour le président sortant.

Il est temps pour le candidat démocrate d’investir des millions de dollars dans le grand Etat du Sud, estime auprès de l’AFP la consultante démocrate Jane Hamilton, qui a dirigé la campagne texane de Joe Biden pendant la primaire démocrate.

«La situation actuelle est un scénario parfait, dans un contexte de pandémie, pour battre Trump», assure-t-elle.

Le Texas et ses banlieues, où les femmes et les électeurs hispaniques prennent de plus en plus d’importance, va constituer un défi pour Donald Trump, explique le professeur en sciences politiques Brandon Rottinghaus, de l’Université de Houston, qui évoque «un jeu de persuasion» qui se jouera dans le périurbain.

«Du travail à faire»

Une analyse partagée par le président du parti républicain du comté de Tarrant à Fort Worth, Rick Barnes. Avec 2,1 millions d’habitants, le comté de Tarrant est clé dans la réélection de Donald Trump en novembre.

Pour Rick Barnes, «il y a du travail à faire», mais il compte sur les électeurs ruraux conservateurs de l’Etat pour bloquer «le socialisme» des démocrates. «Le Texas ne peut pas se permettre de prendre ce risque».

Les partisans de Donald Trump comme Joel Downs, un retraité de 73 ans, considèrent que les transfuges prêts à voter Biden sont une «minuscule minorité».

Vêtu d’une casquette «Trump 2020», l’ancien ingénieur, venu à un dîner républicain dans la région de Dallas, affirme n’avoir rencontré «personne qui pense que Trump ne ferait pas un meilleur président» que Biden.

Et pourtant, ils existent: vêtue d’une chemise aux couleurs du Texas, Anna Griffith, 81 ans, explique à l’AFP qu’elle ne peut pas soutenir M. Trump, malgré ses convictions républicaines.

«Cet homme est tellement arrogant qu’il ne mérite pas d’être président de quoi que ce soit», déclare la maîtresse d’études bibliques à l’ombre de son jardin de Colleyville, près de Dallas. «Le seigneur déteste l’arrogance».

(AFP)