
C’était l’occasion d’allier orientation professionnelle et passion. Décidé à se spécialiser dans la finance durable, Simon, étudiant à HEC Lausanne, comptait sur son semestre d’échange à l’École d’économie norvégienne à Bergen, leader dans ce domaine, pour mener à bien son projet d’avenir. Mais comme des centaines d’étudiants en Suisse, lorsque le jeune de 22 ans a appris qu’il ne pourrait plus partir en septembre, «ç’a été la douche froide».
Sur 450 étudiants de l’Université de Lausanne et 350 de l’Université de Genève inscrits pour partir en automne, près de la moitié ont eu leur échange annulé ou reporté au semestre de printemps à cause de l’incertitude suscitée par la pandémie. Un chiffre qui risque encore d’’augmenter, indiquent les services de mobilité.
«J’ai accepté mon sort»
Pour beaucoup d’entre eux, cette situation pénalise leur parcours académique. «Malheureusement, l’offre des universités suisses en termes de cours portant sur la durabilité ou l’économie circulaire est insuffisante», regrette Simon, qui dit avoir «accepté son sort».
Sandra, 24 ans, avait choisi le Québec comme destination pour des raisons académiques. Son sujet de mémoire porte sur le théâtre canadien et les ressources ne sont disponibles que sur place. Après discussion avec ses professeurs, l’étudiante en sciences du langage et de la communication à l’UNIL a préféré décaler son départ.
«Je reste prudente mais je garde espoir que la situation sanitaire se stabilisera», confie-t-elle. Entre-temps, elle n’a plus de cours à suivre mais doit néanmoins s’acquitter de plus d’un tiers des frais universitaires du semestre d’automne, soit 210 francs, pour rester immatriculée.
Expérience interculturelle
Un des apports essentiels de ces séjours est l’expérience interculturelle. C’est ce qui motivait Steve, 26 ans, à partir à Sherbrooke. «Je voulais découvrir ce qu’il y a ailleurs qu’en Suisse», relate l’étudiant en informatique à HE-Arc (Neuchâtel). L’université canadienne lui a proposé de reporter son échange à l’année prochaine, mais il a été obligé de refuser pour des questions de calendrier. «Je suis très déçu. C’est la dernière des choses que j’attendais», déplore-t-il.
Certaines universités, comme l’UNIL, ont décidé de permettre aux étudiants de poursuivre leur échange depuis la Suisse en suivant les cours en ligne. L’UNIGE a renoncé à cette option, car elle estime qu’il ne s’agirait plus d’une mobilité. «La mobilité représente une valeur ajoutée en termes de compétences interculturelles, linguistiques ainsi que d’autonomie», souligne le Service de la mobilité de l’UNIGE.
Les deux universités mènent une réflexion afin d’adapter leurs offres de mobilité aux conditions inédites qui risquent de perdurer. Elles espèrent notamment mieux intégrer l’enseignement à distance au programme. La possibilité de partir dans une autre région suisse avait été mise en avant dans un premier temps, mais jusqu’à présent, celle-ci n’a pas suscité un engouement.
Toujours dans l’incertitude
Quant à la réintégration des étudiants au cursus normal, les universités ont fait en sorte que ceux-ci puissent poursuivre leurs études en Suisse. Cependant, d’autres questions se révèlent plus complexes.
Alors qu’aucune décision officielle n’a encore été communiquée sur les conditions dans lesquelles les cours se dérouleront à la rentrée, les étudiants doivent trouver où se loger et assumer des frais de loyer considérables.
Après des mois d’hésitation, Simon, qui habite actuellement en Haute-Savoie, a finalement décidé de se trouver un logement à Lausanne. Il espère qu’au moins une partie des cours auront lieu en présentiel. Steve doit, lui aussi, trouver une solution avant la rentrée.
Michelle Langrand / 20minutes /