
Au lendemain d’une manifestation qui a rassemblé des dizaines des milliers de personnes à Minsk, le président biélorusse ne semble pas vouloir plier. Ce lundi, une responsable du Conseil de coordination de l’opposition, l’organe qui vise à organiser une transition du pouvoir, a ainsi été interpellée après une perquisition à son domicile. Parallèlement, les licenciements des personnes opposées au régime se poursuivent.
Dimanche, les manifestants ont convergé vers le centre de Minsk, la capitale, brandissant des ballons, des fleurs et des drapeaux blanc et rouge, éphémères couleurs de la Biélorussie au début des années 1990 devenues des symboles du mouvement contre Alexandre Loukachenko. Certains automobilistes ont exprimé leur soutien aux manifestants en klaxonnant tandis que des femmes se sont allongées devant un cordon de policiers anti-émeutes.
Les manifestants se sont ensuite dirigés vers la résidence du président biélorusse, dont l’accès était protégé par des agents armés de boucliers, des canons à eau et des fourgons. Mais loin de sembler être prêt au dialogue, le régime d’Alexandre Loukachenko multiplie les petits gestes visant des figures de l’opposition ou de simples voix critiques.
Ce lundi 31 août, la rectrice de la faculté biélorusse de la culture et des arts a été démise de ses fonctions. Élèves et étudiants ont prévu de manifester ce mardi en signe de protestation. Le régime maintient ainsi la pression sur le milieu culturel pour décourager les opposants. « Au Musée national des Beaux-Arts, par exemple, nous avions l’habitude de mener des actions de protestation à la pause déjeuner, entre 13h et 14h, et ensuite on repartait travailler. Il y a quelques jours encore, 50 à 60 personnes y prenaient part, mais ces derniers jours, sous la pression de l’administration, il n’y a plus que 4, 5 ou 6 personnes qui sortent manifester. Mais elles continuent, malgré tout de sortir », explique Nikita Monich qui a été congédiée du Musée national des Beaux-Arts pour avoir publié un poème critique du pouvoir sur les réseaux sociaux.
La pression s’accentue
Le 29 août, Minsk avait déjà retiré toutes les accréditations des journalistes étrangers qui couvraient les protestations sur place, mais aujourd’hui les pressions touchent les salariés de très nombreux domaines et peuvent aller jusqu’au licenciement des salariés considérés par le régime comme des opposants. « Les pressions touchent tous les domaines, pas uniquement la culture, mais aussi les grands sportifs, les artistes, les écrivains, les ingénieurs, les médecins, les juristes. Ceux qui ne sont pas loyaux au pouvoir, même si ce sont de vrais professionnels, peuvent être limogés, déplore Nikita Monich. De nombreuses personnes perdent leur emploi, mais elles tentent alors de s’organiser pour se rendre utiles d’une autre manière. Par exemple, elles font du volontariat pour soutenir le mouvement de protestation, ou bien elles créent des infrastructures parallèles. Bref, les gens s’unissent et se battent à leur niveau sur une partie du front ».
(Avec agences)