Leurs terres octroyées à une organisation de la presse : Des populations de Diass interpellent Macky et Karim Fofana

 

Le Collectif pour la défense des intérêts des villages impactés du pôle urbain Daga-Kholpa ne veut pas de la Cité de la presse dans son terroir. En point de presse jeudi, ses membres interpellent le chef de l’Etat, Macky Sall, le ministre de l’Urbanis­me, Abdou Karim Fofana, sur les conséquences de cette décision qui aurait des allures d’une  spoliation foncière dans ce pôle urbain.

La gestion du foncier dans la commune de Diass risque de faire des émules après l’octroi de 500 parcelles pour la Cité de la presse à l’Association de la presse pour l’entraide et la solidarité (Apres) par Abdou Karim Fofana. Jeudi, le Collectif pour la défense des intérêts des villages impactés du pôle urbain Daga-Kholpa qui regroupe les villages de Dagga, Kholpa, Diass, Mbayard, Boukhou et Kandam dans la commune de Diass à travers un point de presse, a averti le Président Macky Sall et le ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et de l’hygiène publique, Abdou Karim Fofana, sur les conséquences de cette mesure aux allures d’une  spoliation foncière dans ce pôle urbain.
En plus de cette décision, la population déplore l’attitude des autorités et les invite à venir discuter avec la population au lieu de créer une situation déplorable  qui peut engendrer des incompréhensions et une injustice entre la population de ces villages de la commune de Diass et leurs autorités, comme la Direction de l’urbanisme et de l’aménagement (Dua) et tous les services techniques impliqués dans la mise en œuvre du pôle urbain Daga-kholpa.
A en croire Alassane Diouf, porte-parole du jour du collectif pour la défense des intérêts des villages impactés du pôle urbain Daga-Kholpa, cet acte posé par le ministre est une défiance à l’endroit de la population de Diass. «Ceci est un manque de considération à notre égard. C’est au moment où nous  sommes en phase de négociations qu’un ministre de la République se permet d’octroyer des parcelles à une certaine presse alors que la population autochtone n’a plus le droit de poser une seule brique sur sa parcelle sous prétexte que ces terres sont du domaine national. Alors que nos villages grandissent et la majorité des habitants ici sont des jeunes. Où est-ce qu’ils vont habiter plus tard ? Ce domaine national profite-t-il à des nantis au détriment des pauvres que nous sommes ?», s’interroge Alassane Diouf.
La population est également très remontée contre leurs autorités locales : «Ces gens ne sont pas exempts de reproches dans cette affaire. Le président de la commission urbanisme de la mairie de Diass nous avait dit que toutes les informations sont disponibles à la mairie. Ce qui laisse planer des doutes car comment se fait-il que le ministre de l’Urbanisme, de l’habitat et de l’hygiène publique puisse se permettre de donner des parcelles de Diass à d’autres, nous disons qu’il y anguille sous roche.»

Expropriation et perte de revenus pour des milliers
de paysans
Pour éclairer sa lanterne, la population interpelle le directeur du pôle urbain, le ministre Abdou Karim Fofana et  même le président de la République pour tirer cette affaire au clair. «Nous ne pouvons pas vivre éternellement dans cette situation, nous avons donné des terres pour l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, pour les usines, pour les carrières et aujourd’hui il nous parle du pôle urbain Dagga–Kholpa qui a été titré au niveau du département de Rufisque. Une faute matérielle qui a été fait exprès pour spolier nos terres, cela nous ne l’accepterons pas. Ces terres ont été exploitées depuis des millénaires par nos ancêtres. C’est pourquoi il faut que les autorités nous respectent et prennent d’abord langue avec la population», a invité M. Diouf.
Selon ce collectif, l’aménagement de ce projet sur une assiette foncière de 2870 hectares aura comme conséquence directe l’expropriation et la perte de revenus pour des milliers de paysans voire des centaines de familles dont la survie dépendait de l’exploitation de ces terres.
Pour Moussa Ndione, cette situation peut être pire : «Elle va causer un frein à l’extension des villages et entraîner le déplacement involontaire des populations autochtones. Aussi, c’est une menace à la cohésion sociale, contre les us et les coutumes locaux. Tout cela va compromettre l’avenir des villages condamnant définitivement la population à vivre dans la précarité et la promiscuité.» «Nous déplorons la mise à l’écart de la population autochtone dans le processus d’aménagement du pôle. Nous ne sommes ni informer ni impliquer. Nous avons l’impression que les services techniques de l’Etat, notamment la Direction de l’urbanisme et de l’aménagement (Dua), ne comptent pas respecter les décisions et les engagements issus des rencontres tenues avec les populations dans leurs villages respectifs. Leurs actions sur le terrain ont fini de nous convaincre que nos préoccupations n’ont pas été prises en compte», déplore Moussa Ndione.
Déjà, les habitants, au regard de l’attitude des autorités, accusent ces dernières de vouloir jouer après aux sapeurs-pompiers : «Nous allons tout droit vers la confrontation. Ce qui n’est pas d’ailleurs notre souhait. Mais toujours est-il que nous sommes prêts pour la négociation mais également prêts à défendre nos droits et intérêts au péril de notre vie.»
Entre autres doléances, ils demandent l’implication inclusive des populations dans la mise en œuvre du projet, la délimitation des zones d’extension d’abord et, avant tout, la restructuration concertée des villages concernés, l’indemnisation des expropriés suivant le contexte et en tenant compte de la dimension sociale, l’accompagnement de la population locale. Mais surtout, le respect des engagements et décisions issus des rencontres avec la population dans leurs villages respectifs.

PAR ALIOUNE BADARA CISS CORRESPONDANT – LEQUOTIDIEN.SN