États-Unis: Un policier inculpé pour avoir abattu une Américaine noire

 

Les proches de Pamela Turner, une Américaine noire abattue par un policier dans la banlieue de Houston, se sont félicités jeudi que l’auteur des tirs ait finalement été inculpé, 16 mois après le drame. «On est un pas plus près d’obtenir la justice que ma mère mérite, pour qu’elle puisse reposer en paix, dans le respect», a déclaré sa fille Chelsea Rubin lors d’un point-presse organisé par vidéoconférence.

L’agent Juan D. a été inculpé cette semaine par un grand jury pour «agression par personne dépositaire de l’autorité publique», une peine passible de la rétention à perpétuité. Son procès doit s’ouvrir le 28 octobre.

Un «message clair»

Avec les 12 millions de dollars de dédommagement par ailleurs attribués cette semaine aux proches d’une autre Afro-Américaine abattue par la police, Breonna Taylor, «c’est un message clair que les vies des femmes noires comptent aussi», a commenté l’avocat de la famille Ben Crump, qui défend de nombreux dossiers emblématiques du mouvement «Black Lives Matter».

Mais Ben Crump a déploré qu’il ait fallu aussi longtemps pour obtenir la mise en accusation de Juan D. Sans les efforts de sa famille, la vie de Pamela Turner «aurait été balayée sous le tapis», a-t-il regretté.

Le 13 mai 2019, l’agent D. avait croisé cette femme de 44 ans, dont il savait qu’elle était poursuivie pour de petits délits, et avait décidé de l’interpeller. Après une altercation, il avait tiré sur elle alors qu’elle était à terre.

«Vous me harcelez»

Sur une vidéo de la scène filmée par un passant, on entend Pamela Turner déclarer: «Je suis en train de marcher, je rentre chez moi, vous me harcelez!» Après un bruit sourd, elle tombe au sol, le policier la surplombe, essaie d’attraper son bras. Elle crie alors «je suis enceinte». Le policier s’écarte. L’image s’arrête, mais l’enregistrement audio continue et cinq coups de feu sont audibles.

Juste après le drame, la police de Baytown avait assuré qu’elle n’était pas enceinte et qu’elle s’était emparée du Taser de l’agent D. pour lui tirer dessus. Le policier avait été affecté à des tâches administratives, mais avait gardé son emploi jusqu’à son inculpation. Les avocats de la famille contestent qu’elle ait fait usage du Taser et soulignent qu’elle souffrait de troubles mentaux et que le policier le savait.

Le dossier n’avait pas immédiatement suscité une forte attention médiatique. Mais le nom de Pamela Turner avait été prononcé lors des funérailles de George Floyd, un Afro-Américain étouffé le 25 mai par un policier blanc à Minneapolis, et a depuis résonné à nombreuses reprises lors des grandes manifestations antiracistes dans tout le pays.

(AFP/NXP)