Kirghizstan: La légitimité du nouveau Premier ministre fait débat

 

 

Le nouveau Premier ministre du Kirghizstan, un politicien nationaliste libéré de prison cette semaine, a choisi dimanche son nouveau ministre de l’Intérieur tout en ignorant les députés mettant en doute la légitimité de sa nomination.

Sadyr Japarov purgeait jusqu’à lundi une longue peine de prison pour avoir participé à la prise d’otage d’un gouverneur régional en 2013. Il a été libéré par ses partisans et a profité du chaos politique dans ce pays d’Asie centrale pour se faire élire samedi, par le parlement, Premier ministre par intérim.

Dimanche, il a signé un décret nommant un nouveau ministre de l’Intérieur, Oulan Niyazbekov, l’ancien patron de la police kirghize ayant démissionné dans la semaine.

Plusieurs députés ont toutefois mis en cause les conditions dans lesquelles Sadyr Japarov a été nommé Premier ministre, le nombre de députés présents à la session extraordinaire l’ayant adoubé étant inférieur au seuil requis par la loi.

«Aucune des décisions»

«Aucune des décisions prise par Japarov comme Premier ministre n’est légale», a ainsi assuré sur Facebook Aïda Kassymalieva, vice-président de l’Assemblée.

La nomination de M. Japarov doit en outre être confirmée par le président Sooronbaï Jeenbekov, laissant craindre une potentielle bataille politique entre les deux hommes.

Immédiatement après sa nomination, Sadyr Japarov, 51 ans, a en effet dit s’attendre à la démission de M. Jeenbekov dans «deux ou trois jours». Dans ce cas, Sadyr Japarov deviendrait le nouveau président du pays.

La crise politique au Kirghizstan a commencé après les élections législatives de dimanche dernier, remportées par deux partis pro-présidentiel mais entachées d’accusations de fraude.

«Deux ou trois jours»

De violentes manifestations lundi ont fait un mort et plus d’un millier de blessés, les protestataires prenant le contrôle de plusieurs bâtiments administratifs et faisant sortir de prison plusieurs hommes politiques.

Ont suivi plusieurs jours de chaos durant lesquels le président Jeenbekov semblait avoir perdu le contrôle du pays. Les élections ont été annulées, différentes factions politiques se sont affrontées dans la rue et le président Jeenbekov, lâché par tous, a promis de démissionner si un nouveau gouvernement était instauré

La nomination de M. Japarov semble en tout cas avoir ramené un calme précaire à Bichkek, la capitale, où la police était de retour dans la rue et les habitants de nouveau de sortie.

Le Kirghizstan, la plus pluraliste mais aussi la plus instable des ex-républiques d’Asie centrale, a déjà connu deux révolutions et vu trois de ses présidents emprisonnés ou exilés depuis son indépendance.

(AFP/NXP)