Les problèmes prioritaires du département de Goudiry.

 

 

 

La résolution de ces problèmes aura un impact déterminant sur le bien-être des populations et la valorisation des ressources de cette partie du Sénégal.

Le Département de Goudiry se situe à plus de 600 kilomètres de Dakar et couvre une superficie de 16090km2. Il est enclavé et les distances entre les villages sont importantes. En effet, plus de 90% des villages sont inaccessibles et enclavés en moyenne pendant trois à quatre mois durant la saison des pluies. La liaison entre les villages est rendue difficile par des pistes impraticables traversant par endroit des marigots et des mares dépourvus d’ouvrages de franchissement. Ces contraintes d’accessibilités et l’éloignement entre villages, rendent difficiles les échanges et la commercialisation des produits agricoles et accroissent la vulnérabilité du département aux crises alimentaires. En outre, elles rendent difficiles et hautement risquées les évacuations sanitaires des villages vers les principales structures de santé du département et vers Dakar où le plateau technique est le plus élevé.

Par ailleurs, pour ouvrir davantage le département au reste du pays, il est essentiel que les investissements se poursuivent par la réhabilitation de la route Bakel – kidira – Tamba et du chemin de fer Dakar – Kayes.

Dans le domaine de l’agriculture, le département de Goudiry se situe dans la région naturelle du Sénégal Oriental, qui renferme encore une bonne base de ressources naturelles au Sénégal, notamment les forêts. L’agriculture y compris l’exploitation des produits forestiers et l’élevage sont les principales sources d’alimentations, d’emplois et de revenus. Cependant, à l’instar du reste du Sénégal, l’agriculture et l’élevage sont dépendants de la pluviométrie dont les principales caractéristiques sont la raréfaction, la mauvaise répartition et l’imprévisibilité des pluies.

Plus qu’ailleurs, la maîtrise de l’eau, l’accès à des semences et aux intrants de qualité et l’inaccessibilité des zones de production constituent de grosses contraintes au développement de l’agriculture. Du fait de l’enclavement, les investissements privés dans le secteur de l’agriculture et de l’élevage courent des risques. Par conséquent, le secteur privé agricole qui aurait pu constituer une alternative de sources de revenus et d’emplois, surtout pour les jeunes, est inexistant. Dans le cadre de la valorisation des eaux de surface et des eaux pluviales, il y a lieu de réaliser des ouvrages comprenant, entre autres, des bassins de rétention et des retenues collinaires. Le dragage des mares et marigots qui existent en nombre important dans le département est aussi nécessaire. Cette stratégie de valorisation est d’autant plus pertinente que le département est situé dans la zone du socle caractérisée par la faiblesse des ressources en eaux souterraines. Le lancement d’un programme «Un village, un bassin de rétention» visant la réalisation d’une centaine de barrages de retenue d’eau pouvant servir 50% des localités du département.

En matière de soutien aux paysans, il faut faciliter l’accès aux intrants agricoles (semences, engrais, produits phytosanitaires, etc.) aux outils de travail modernes, identiques à ceux utilisés dans les autres localités. Ce soutien devra être plus substantiel et étendu aussi aux activités de maraîchage qu’aux cultures sous pluie. Outre les intrants agricoles, ce soutien doit faciliter l’accès aux équipements de pompage et de protection des cultures et au renforcement de capacités dans les domaines de la production agricole en général (maraîchage, cultures irriguées) et de la commercialisation.

Dans le domaine de l’élevage, le principal problème de ce secteur est la transhumance qui génère des conflits fréquents entre paysans et éleveurs. Il se pratique de manière traditionnelle avec très peu d’amélioration des espèces. Il est important de promouvoir dans la zone, la production de fourrage à partir de la culture irriguée et d’autres types de cultures. Ce qui permettrait de passer progressivement d’un système traditionnel à un système d’élevage sédentarisé. Il convient à cet effet de développer ce secteur en améliorant la race locale avec l’insémination artificielle, diversifier et d’utiliser des croisements possibles, construire des laiteries et des fromageries, mettre en place un fonds pour le financement de structures évoluant dans ce domaine, définir un environnement juridique, administratif et fiscal pouvant booster le secteur. Organiser des campagnes de vaccination contre les maladies prioritaires : la peste des petits ruminants(PPR), la peste équine (PE), la maladie de Newcastle (MN), la dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNCB) etc.

 Les structures de santé du département ne sont pas pourvues en personnel suffisant. Les prestations de service laissent à désirer. Le département de Goudiry est encore perçu comme n’offrant pas d’opportunités de carrière au personnel de santé et où ne sont affectés en général que les fonctionnaires récalcitrants. Plusieurs des structures de santé, particulièrement des cases et des postes de santé, ont été réalisées par les populations avec l’appui des émigrés. Mais ces structures ne répondent pas aux normes de l’OMS de même leur niveau d’équipement et le plateau technique sont faibles. Aussi, les examens et analyses médicaux courants nécessitent-ils des déplacements vers les districts de santé au niveau des capitales départementales, de la capitale régionale, Tambacounda! Ces structures de santé de rang plus élevé sont en général distantes de 114 kilomètres ou plus. Les déplacements se font aux frais des populations, fréquemment à l’aide de moyens de fortune comme les charrettes sur des pistes et routes de mauvaise qualité, d’où le risque accru de mortalité en cours d’évacuations. En effet, bon nombre de districts de santé ne disposent pas d’ambulances fonctionnelles. La santé coûte plus chère dans le département de Goudiry que dans les autres départements du Sénégal plus accessibles. Comme l’a bien résumé un chef de famille, «chez nous on peut être riche, mais pauvre en même temps». Autrement dit, les flux d’argent provenant de l’émigration sont importants, mais on ne peut pas utiliser cet argent pour évacuer son malade ou se soigner parce que l’état des routes et des pistes ne le permet pas.

 Il est urgent de : relever le plateau technique avec l’affectation de médecins spécialistes en gynécologie, ophtalmologie, etc. ;  recruter d’avantage de personnel (infirmiers et sages-femmes) et d’améliorer la qualité des soins et de rendre accessible le paquet de services aux populations ; construire des structures de santé adéquates dans toutes les communes et les villages importants; doter urgemment toutes les communes d’ambulances médicales spécialisées; développer une chaîne de froid pour la conservation des médicaments et des vaccins.

Le secteur de l’éducation est marqué par une déperdition scolaire de l’enseignement élémentaire à l’enseignement secondaire. Il est impératif de doter en nombre suffisant les collèges du département en professeurs, notamment dans les matières scientifiques.

Le déficit d’enseignants reste un problème chronique dans le département de Goudiry.

Malgré les efforts qui ont été consentis par l’inspection d’éducation et de formation de Goudiry, et le Conseil départemental et en dépit de la loi n° 2004-37 du 15 décembre 2004 qui fait de la scolarisation une obligation pour tous les enfants des deux sexes âgés de 6 à 16 ans, le déficit d’enseignants persiste dans le département de Goudiry. Considéré comme le premier améliorant pédagogique, l’enseignant devient de plus en plus une matière rare dans cette contrée du Boundou plus d’une vingtaine d’écoles ont été fermées faute d’enseignants et plus de 3500 élèves attendent toujours leurs enseignants affectés au mouvement national et académique qui tardent à être remplacés. Les instituteurs présents sont obligés de faire les classes à double flux (CDF) ou multigrades (CMF). L’environnement scolaire, notamment le déficit de manuels, l’absence de toilettes, d’eau et d’électricité et la prolifération des abris provisoires construits en paille et branchages qu’il faut  reconstruire à chaque rentrée des classes parce que détruits par les pluies hivernales, font parti des faiblesses du système éducatif dans ce département.

Le conseil département doit-il et peut-il continuer à construire de salles de classes et à recruter des enseigner à la place de l’état ?

On a trop négligé l’organisation des loisirs des élèves dans cette contrée. Tout le monde peut constater l’atmosphère de désœuvrement, d’ennui, de passivité ou parfois d’agitation désordonnée, qui règne dans les cours des établissements. Les élèves ne sont pas responsables de cet état de choses : ils ne savent que faire et où aller. Il conviendrait que chaque établissement scolaire de quelque importance prévoit des salles ou espaces verts adaptés pour des activités de loisirs, lecture, musique, peinture, distraction manuelles, etc. Rien n’est plus néfaste que l’inaction et la vacance de l’esprit : c’est toujours pendant ces stériles interclasses que se forment les actes d’indiscipline ou de protestation, que se répand la corruption des esprits.

Nelson Mandela disait : « L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. »

Quand l’école va mal, c’est l’avenir du département qui est compromis sur de longues années.
La réhabilitation de la formation professionnelle et la création d’un lycée technique et commercial et de centres de métiers pour renforcer les capacités des jeunes filles et garçons seront sans doute des atouts permettant l’insertion des jeunes confrontés au douloureux problème du manque d’emploi. Pour former une expertise locale nécessaire au développement de la région orientale, la construction d’une Université s’impose. Cette Université va éviter les déperditions scolaires après le baccalauréat liées aux longues distances et à la difficulté de trouver un tuteur dans les zones classiques d’accueil (Bambey, St-Louis, Dakar etc.).

Il faut associer fortement la jeunesse au développement, lui faire prendre conscience des difficultés et de la nécessité pour chacun de s’identifier au destin de la nation.

L’employabilité des jeunes doit au moins se structurer autour d’une formation adaptée aux besoins du nouveau monde dans lequel nous évoluons.

Une mise en place d’une vraie politique d’accompagnement et d’insertion des jeunes par l’Etat. La plupart des jeunes n’ont souvent aucune idée sur les possibilités ou la méthodologie de création de leur propre emploi dans le secteur formel. Il faut donc promouvoir l’esprit d’entreprise et surtout le développement de la culture d’entreprise durant leurs formations, pour favoriser la création et le développement des PME viables et pérennes dans le département.

Dans le domaine de l’hydraulique et de l’assainissement, le département de Goudiry reste tributaire de mares et de marigots non pérennes. Dans le département, les eaux souterraines sont contenues dans les nappes localisées dans deux formations hydrogéologiques (le continental terminal et le socle ancien) distinctives selon l’importance de leur potentiel en eau et la nature des nappes qu’elles renferment. Le socle ancien couvre la quasi-totalité du territoire du département et ne renferme pas de nappes généralisées. Ces nappes sont localisées et dispersées, peu importantes avec un faible volume d’eau. Elles ne sont pas renouvelables mais l’eau est de bonne qualité. Le niveau d exploitation des eaux souterraines est faible.

Sur le plan sécuritaire, le département de Goudiry est confronté à plusieurs formes d’insécurité comprenant : la coupe abusive du bois, les vols de bétails, les incendies, etc. La création d’un camp des sapeurs pompiers à Goudiry est d’une grande nécessité. En outre, Une attention particulière doit être donnée à la sécurité transfrontalière entre les départements de Bakel et de Goudiry et les pays voisins. Les frontières étant poreuses, l’insécurité sévit parfois (coupeurs de route) et la crise au Mali avec l intervention des groupes islamistes doit être bien appréhendée.

Boubou Barro / Tambacounda.info