TRIBUNAL – MBOUR Affaire du port de Ndayane : Les parties édifiées le 19 novembre prochain

 

 

Le procès qui oppose l’Association pour la défense, la protection et la sauvegarde écologique du site de Ndougouman contre  les  Directeurs généraux du Port de Dakar, des Impôts et domaines et de Dp World a eu lieu hier au Tribunal de grande instance de Mbour. Suite à la plaidoirie des deux parties, l’affaire a été mise en délibéré pour le 19 novembre prochain.

Le port de Ndayane était hier au menu de la plaidoirie des avocats de la défense comme ceux de la partie civile lors d’une audience au Tribunal de grande instance de Mbour. Lors de cette audience, les avocats de la partie civile, composés de Me Doudou Ndoye et de Me Kaloga du barreau de Paris, ont attiré l’attention du juge sur les impacts de ce projet pour la population de Ndayane-Toubab Dialaw. Selon eux, ce projet va entraîner «une déforestation de zones protégées, une pollution jamais égalée dans les espaces protégés se profilent à l’horizon». S’y ajoute un conflit foncier, du jamais vu ! Pour Mes Kaloga et Doudou Ndoye, qui représentaient les intérêts de l’association,  «une double menace résulte de ce projet. D’abord les habitations des populations, ensuite les richesses côtière et naturelle de Ndayane, Popenguine, jusqu’à Toubab Dialaw sont menacées». Ainsi, ils ont demandé au juge de commanditer une étude d’impact environnemental qui, à leurs yeux, est obligatoire.
A en croire Me Doudou Ndoye, seule cette étude pourra montrer ce qui va se passer. «Nos demandes sont très simples, nous demandons au juge de dire que «vu ce qui va se passer, moi juge, je désigne un expert pour l’étude de la position du problème et de ce que  les entrepreneurs ont l’intention de faire pour que nous sachions si les concitoyens vont subir tout cela ou non». Parce que s’ils subissent tout cela, il faut des mesures beaucoup plus profondes et plus radicales. Mais il faut que nous sachions d’abord. La loi l’autorise quand j’ai peur de quelque chose, j’ai le droit de demander à mon juge de vérifier ce qui me fait peur avant que cela n’arrive pour que je puisse l’éviter, c’est ça le référé. Nous sommes venus en urgence en référé pour que le juge vérifie, il n’y a aucune conséquence sur personne tant que les rapports ne sont pas là. Pourquoi refuser tout cela ? Quand on refuse, c’est qu’on a quelque chose à cacher. Nous attendons que la justice nous donne cette possibilité», a plaidé de façon catégorique  Me Doudou Ndoye.
Pour Me Kaloga, il est hors de question de récuser le projet. «Le projet est intéressant pour le Sénégal mais l’Etat doit d’abord se conformer au droit. Un droit fondamental à un environnement sain exige de l’Etat une étude d’impact environnemental. Nous ne nous opposons pas à la construction d’un port mais, nous nous opposons à la destruction de la vie des citoyens. Nous voulons qu’il y ait un équilibre entre les besoins de la communauté, les politiques d’Etat et les besoins de chaque citoyen pour lesquels l’Etat doit faire sa politique. Nous invoquons le droit de l’Homme», a précisé Me Kaloga.
La réplique ne s’est pas fait attendre du côté des avocats de la défense constitués de Mes Moussa Konaté et de Me Amadou Lamine Fall. Ces derniers ont demandé au juge de déclarer la requête de l’association irrecevable mais également qu’il se déclare incompétent pour juger de cette affaire. «C‘est le droit pour chaque personne de saisir le Tribunal mais cette association n’a pas le droit de venir devant un juge car c’est plutôt le juge des référés de la Cour suprême qui en est compétent pour trancher cette question», argumente Mes Fall et Konaté.
La défense a également évoqué l’adresse des plaignants, selon les avocats, les plaignants n’habitent pas Ndayane. C‘est pourquoi ils ont demandé au juge de ne tenir compte de cette plainte qui, disent-ils, est irrecevable.
Après la plaidoirie des deux parties, le juge a renvoyé les deux camps au 19 novembre prochain pour le délibéré.

PAR ALIOUNE BADARA CISS CORRESPONDANT – LEQUOTIDIEN.SN