
Jadis très dynamique, Seyda Rokhaya Niasse, fille de Cheikh Ibrahima Niasse alias Baye Niasse est allongée sur un lit aménagé dans le salon de sa maison sise à quelques encablures de la grande mosquée de Médina Baye. Les pèlerins défilent devant elle pour faire leur habituel ziarra. Son âgé avancé et sa santé fragile, n’aidant pas, elle parle à peine.
UN PREMIER RECUEIL ÉDITÉ PAR SENGHOR
Seyda Rokhata est la première femme poétesse en langue arabe en Afrique noire. « Ma mère a appris le Saint Coran auprès de mon défunt grand-père. Après la maitrise du Coran, elle été confiée à son oncle pour parfaire ses connaissances islamiques. Son premier livre, elle l’a écrit alors qu’elle séjournait au Ghana. De retour à la Mecque, Baye Niasse était passé la voir. Elle lui a montré le livre afin qu’il y jette un coup d’œil. Ce qu’il a fait avant de dire sa satisfaction pour la qualité de l’écriture et de la connaissance », raconte Mouhamed Moustapha Niang fils aîné de la dame. Qui renseigne que cette dernière était très intelligente et dévorait les enseignements religieux. « C’est Baye Niasse qui lui a même décerné son diplôme attestant qu’elle maitrisait le Coran. Ainsi, mon grand-père l’encourageait car, rares étaient les femmes, à l’époque, qui poursuivaient leurs études jusqu’à un tel niveau », a ajouté Mouhamed Moustapha Niang.
« C’est le défunt président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor qui a édité le premier recueil de poèmes de Seyda Rokhaya Niasse. Elle en voulait 2000 exemplaires mais feu le président en avait produit plus. Elle a plus de 6 livres et des recueils de poèmes à son actif », raconte son fils.
INVITÉE PAR JIMMY CARTER
Educatrice, Seyda Rokhaya Niasse était également une très grande conférencière. Elle savait captiver les grandes foules grâce à son verbe facile et la pertinence de ses interventions. « Elle était seule femme, ici à Médina Baye, qui prenait la parole devant les hommes lors des grands évènements. Elle a arrêté cela après le décès de son père. Elle n’avait plus de temps. Elle animait des conférences religieuses un peu partout dans le monde. Même les non-musulmans s’intéressaient à son discours. Jimmy Carter l’avait invitée à deux reprises. L’ancienne première Dame, Elisabeth Diouf, l’invitait également », a fait savoir le fils ainé de Seyda Rokhaya Niasse. Aujourd’hui, avec le poids de l’âge, cette dernière a pris sa retraite. Elle consacre tout son temps à l’adoration de Dieu, à la lecture du Coran et aux Khadaratoule Jummah.
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