
La rentrée des classes pour les élèves est prévue ce jeudi 12 novembre 2020. Mais, elle ne sera pas effective pour beaucoup d’élèves qui sont dans le privé à cause des trois mois d’arriérés réclamés par les écoles privées. Certaines écoles privées exigent aux parents de payer les mois d’Avril, Mai et Juin durant lesquels les établissements scolaires étaient fermés à cause de la Covid-19. Un montant que beaucoup de parents d’élèves refusent de payer parce que, disent-ils, pendant cette période de Covid-19, les élèves n’ont pas étudié.
Mandiaye Ndiaye est parent d’élève rencontré à Ouakam. Il se désole de cette décision prise par les écoles privées. Une décision qu’il juge illégale et interpelle l’Etat. « C’est comme si nous n’avions pas un ministre de l’Education nationale. Cela fait 40 ans que nous collaborons avec les écoles privées du Sénégal donc, c’est anormal qu’elles veuillent nous faire subir ces actes. En plus, durant ces trois mois marqués par le Covid-19, ces écoles privées n’ont pas dispensé de cours », a regretté Mandiaye Ndiaye.
Selon lui, la maladie du Coronavirus ne doit pas servir de prétexte aux écoles privées pour réclamer trois mois d’arriérés de salaires aux parents d’élèves. Qui, rappelle-t-il, ont été également impactés par la crise sanitaire. « C’est de l’escroquerie à la limite. Il n’y a aucune base juridique légale que les établissements privés peuvent brandir pour justifier cette requête. Personnellement, j’avais saisi la gendarmerie de Ouakam pour déposer une plainte contre l’école de mes enfants mais, on m’a demandé de saisir le procureur directement », renseigne-t-il, tout en faisant savoir qu’il ne lâche pas du lest. Il dit être prêt à aller jusqu’au bout.
A l’instar de M. Ndiaye, M. Amar pense que les écoles privées exagèrent parce que la situation économique actuelle est difficile pour tout le monde. Les parents, soutient-il, sont dans une situation embarrassante « Aujourd’hui, beaucoup de parents retirent leurs enfants dans les écoles privées afin de les inscrire dans le public », souligne-t-il. Toutefois, il dénonce le fait que certaines écoles privées refusent de délivrer aux parents d’élèves les bulletins de leurs enfants et le certificat de scolarité.
« La réclamation des mensualités est illégale »
Dame Mbodji est le secrétaire général national du CUSEMS Authentique, donne son avis. « Mon intime conviction est que la réclamation des mensualités est illégale. Ce ne sont pas les parents qui ont fermé les écoles. Les écoles ont été fermées par le Chef de l’Etat, le 16 mars par décret. Si les écoles privées ont des choses à réclamer, elles n’ont qu’à le réclamer à l’Etat », a déclaré le syndicaliste. Pour lui, c’est plutôt les écoles privées qui ont rompu, de façon unilatérale, le contrat qui les liait avec les parents d’élèves. « Le contrat a été rompu par les écoles privées. Les parents ont le droit de refuser de payer », dit-il. A son avis, l’Etat n’a pas le droit de laisser faire. Le ministre de l’Education nationale, indique-t-il, doit sortir de son mutisme et régler le problème pour de bon. « J’attends de lui qu’il brise son silence, qu’il prenne un décret pour demander aux écoles privées d’arrêter et toute école qui ne se conforme pas à ce décret sera fermée. Mais, j’ai comme l’impression que le ministre est en train d’attiser le feu et de mettre les parents et les écoles dos à dos », dénonce Dame Mbodji. Il révèle que les écoles privées sont en train de développer une solidarité entre elles pour contraindre les parents d’élèves à payer les 3 mois de mensualités. Il met à nu leur modus opérandi.
Une solidarité entre les écoles privées
« Quand un parent d’élève enlève son enfant d’une école privée pour l’inscrire dans une autre, arrivée dans cette école, on lui demande le quitus attestant qu’il ne doit rien à l’école d’origine. Autrement dit, il doit prouver qu’il s’est acquitté des trois mois réclamés. Elles se sont parlées et développent une synergie de solidarité. Ce qui est inélégant », martèle Dame Mbodji, demandant aux écoles privées d’arrêter ce qu’il considère comme « une forfaiture » puisque qu’elles n’ont pas le droit de récupérer des mois qu’elles n’ont pas enseigné.
Président du Conseil des acteurs et partenaires de l’enseignement privé de Guédiawaye, Abass Ndour, interrogé sur la question, a d’emblée précisé qu’on fait un mauvais procès aux écoles privées d’autant que ce ne sont pas toutes qui réclament ces trois mois. A l’en croire, à Guédiawaye, ils ont réglé le problème très tôt quand les divergences ont commencé à surgir. « On est tombé d’accord sur le paiement des arriérés jusqu’au mois de mars. Nous n’avons pas demandé les paiements des mois d’Avril, de Mai et de Juin parce que nous n’avons pas enseigné », a-t-il précisé pour lever les équivoques. Cependant, il fait savoir que cette année, ils ont introduit un quitus que l’élève qui veut changer d’école doit produire pour attester qu’il ne doit pas de sous à son établissement d’origine.
Emediasn