Visite de Mike Pompeo en Proche Orient : Les Palestiniens plus que jamais isolés

 

 

Les coups durs s’enchaînent pour les Palestiniens. Le  principal négociateur dans le conflit historique qui les oppose aux Israéliens a été emporté par le Covid-19. Saëb Erakat était le chantre de la solution à deux Etats : un Etat Palestinien à côté de l’État hébreu. Ce 19 novembre 2020, c’est le Secrétaire d’Etat Américain qui pose un acte symbolique, largement commenté par la presse panarabe, au Proche et Moyen Orient. Mike Pompeo a visité une colonie israélienne en Cisjordanie. Ce qui, pour certains observateurs, est un encouragement des États-Unis d’Amérique de la colonisation de la Palestine par Israël.

Le changement d’administration à Washington changera-t-elle quelque chose dans la politique américaine dans le conflit entre Israéliens et Palestiniens ? C’est la question que se posent ceux qui s’intéressent à ce vieux conflit qui a fait histoire depuis la création de l’État hébreu en 1948. Si les différentes administrations américaines, avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche s’étaient montrées moins partisanes sur ce dossier, Trump s’est clairement affiché en défenseur d’Israël. Les actes posés parlent d’eux-mêmes. La délocalisation de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem a été l’un des actes majeurs. Depuis quelques mois, une diplomatie américaine plus subtile en défaveur des Palestiniens s’est développée. Elle a encouragé la normalisation des relations diplomatiques d’Israël avec certains pays arabes. Cette diplomatie a porté ses fruits.

En effet, plusieurs pays arabes se sont rapprochés d’Israël grâce à Washington: le Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Soudan ont normalisé ou ont annoncé une normalisation de leurs relations avec l’État hébreu. Les deux premiers pays ont acté le rapprochement. Pour ce qui est du Soudan le processus est en marche. Et pourtant le Soudan était le pays des « trois non ». Khartoum, la capitale avait abrité en 1967 un sommet de plusieurs pays arabes après la guerre des Six-Jours. Ces pays avaient affirmé leur opposition à « la paix avec Israël, à la reconnaissance d’Israël et aux négociations avec Israël ». Mais depuis, l’eau a beaucoup coulé sous les ponts. Les spécialistes du conflit israélo-palestinien estiment aujourd’hui que ce rapprochement est un « rapprochement dynamique ». Les dirigeants des pays arabes qui échangent désormais avec Israël indiquent que c’est pour le bien des Palestiniens. Car la diplomatie de la rupture des relations diplomatiques a été peu efficace, voire a été un échec.

Seulement sur le terrain les principaux concernés, à savoir les Palestiniens, ne semblent pas être convaincus par la nouvelle stratégie de leurs alliés arabes. L’occupation de leur terre par Israël se poursuit de plus bel et au gré du calendrier d’Israël et surtout par la bénédiction tacite des États-Unis d’Amérique. Les propos du Secrétaire d’État américain, ce jeudi 19 novembre en visite en Israël et historiquement dans l’une des implantations israéliennes en Cisjordanie, en disent long sur la perte de contrôle des Palestiniens sur ce conflit. « Les États-Unis vont labelliser les exportations de colonies israéliennes en Cisjordanie occupée comme provenant directement d’Israël », a indiqué Mike Pompeo (#AFP). Les efforts de Saëb Erakat récemment décédé ainsi que tous les autres résistants palestiniens auront été vains jusque-là. Le peuple palestinien semble plus que jamais seuls et isolés. Le projet de deux États côte à côte se complique chaque jour. Le Sénégal qui préside le Comité des Nations Unies de défense des droits inaliénables du Peuple palestinien depuis 1975 se montre discret pour ne pas dire muet.

Pierre Boubane