
Le démarrage, ce mercredi, 25 novembre, de la libération des emprises du projet de Bus rapid transit (BRT), est vécu comme un cauchemar par des impactés. Parmi eux, il y a Maty Pomane, une sarakolé.
Restauratrice de son état à la Rue 10, cette dernière ne s’est plus à quel saint se vouer. “Je ne sais pas quoi faire surtout par cette période marquée par la pandémie et ses crises multiples. Où est-ce que je vais exercer si on m’enlève cette place que j’occupe depuis dix ans ? Ça fait vraiment mal parce qu’il est difficile de trouver une autre aussi bien placée. Pour les magasins, il faut calculer entre 200 000 et 300 000 F CFA, je n’ai pas les moyens surtout qu’avec mon petit restaurant, je n’ai pas de revenus fixes”, s’interroge-t-elle, inquiète.
A l’en croire, les choses sont allées très vite. Car, brandissant sa sommation, elle souligne n’avoir toujours pas reçu le chèque promis alors que l’échéance a expiré. “J’ai reçu la sommation mercredi dernier. L’échéance a expiré hier. Je n’ai pas encore de nouvelles mais j’en suis sûre, ils reviendront à la charge.” En attendant, la restauratrice se prépare à ranger ses ustensiles de cuisine la mort dans l’âme.
Sur le document signé par Alioune Badara Samb, le Préfet de Dakar, il est bien précisé que le déguerpissement se fera “après réception du chèque représentant le montant des indemnisations” dans le cadre de l’opération.
D’ailleurs, le projet de déguerpissement est au cœur des discussions entre vieux trouvés assis dans la petite Mosquée du coin. L’Imam Baïlo Sow nous confirme être au courant même s’il n’a pas reçu de sommation.
Pour leur cas aussi, le problème est complexe. Il s’agit, pour eux, de trouver un autre lieu de prières. Deux sites ont été localisés. Il reste à trouver l’argent pour se l’approprier. “On a déjà visité deux maisons, l’une coûte 50 millions F CFA, et l’autre, 65 millions. Nous sollicitons l’aide des bonnes volontés faute de quoi nous n’aurons pas de Mosquée”, nous explique-t-il.
Pour la petite histoire, la Mosquée a été construite en 1958. “On vit et faisons vivre nos familles d’ici. Il faut rester jusqu’à midi, et vous verrez des plats que nous offrent les bonnes volontés et que nous partageons avec le voisinage. Il faut sauver ce lieu, la survie de beaucoup de monde en dépend”.
En prélude à cette opération, le Conseil Exécutif des Transports Urbains de Dakar (CETUD) et la préfecture de Dakar ont effectué une visite de pré-démolition effective des emprises visées par les sections 4 à 9, annonce un communiqué. Lequel souligne que ces sections concernent les emprises allant du pont de l’Emergence (ex-pont Sénégal 92) au carrefour situé près de la RTS, passant par le collège Hyacinthe-Thiandoum, les carrefours de Liberté 6 et de la Boulangerie jaune, la rue 10 prolongée, le rond-point ONU, la place de la Nation et le boulevard général Charles-de-Gaulle.
Ainsi, ’’les populations sont invitées à libérer la voie publique de toute occupation irrégulière’’, pour que soit évitée ’’toute destruction de biens’’, déclare le CETUD. Le cas échéant, ’’l’administration procédera’’ à la libération des emprises, ajoute-t-il.
Le BRT, qui va traverser quatorze communes de la région de Dakar, disposera de 23 stations. Sa mise en service est prévue en 2022.
Emediasn