Procédure de destitution: Les démocrates avancent vers l’«impeachment» de Trump

 

 

Les démocrates ont avancé lundi résolument vers l’ouverture d’une seconde procédure de destitution contre Donald Trump, accusé d’avoir «incité à la violence» qui a frappé le Capitole, tout en appelant son vice-président Mike Pence à le démettre sans attendre de ses fonctions.

Le milliardaire républicain est menacé, à 74 ans, d’une sanction qui resterait dans l’Histoire des Etats-Unis et pourrait hypothéquer son avenir politique: devenir le premier président des Etats-Unis à être mis en accusation au Congrès (“impeached”) deux fois dans une procédure de destitution.

Un président «dérangé», une «menace imminente» contre la démocratie américaine: même si la fin de son mandat est toute proche, le 20 janvier, les démocrates sont décidés à précipiter sa sortie, après ces événements qui ont fait cinq morts et ébranlé le pays. Contrôlant la majorité à la chambre basse, l’opposition a donc mené une double action lundi matin.

25e amendement de la Constitution

Des parlementaires ont d’une part déposé un acte d’accusation contre Donald Trump, première étape vers l’ouverture formelle cette semaine d’une deuxième procédure de destitution contre le président américain.

Un vote en séance plénière pour adopter cet acte d’accusation pourrait être organisé dès mercredi à la Chambre.

En parallèle, ils ont demandé l’adoption à l’unanimité d’une résolution appelant le vice-président Mike Pence à démettre le président de ses fonctions, en invoquant le 25e amendement de la Constitution américaine. Cela consisterait pour celui-ci et les principaux ministres à constater l’inaptitude du président à exercer sa fonction.

Un républicain s’est opposé à l’adoption à l’unanimité de cette résolution. Un vote en séance plénière devrait avoir lieu dès mardi à la Chambre.

La «complicité» des républicains «met en danger l’Amérique, sape notre démocratie et cela doit cesser», a tonné dans un communiqué la puissante présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, après cette objection.

«Vers un vote dans l’hémicycle»

Elle a de nouveau accusé Donald Trump d’avoir «incité une insurrection meurtrière contre l’Amérique» lors des violences de mercredi dernier. Et a réitéré son ultimatum à Mike Pence de répondre «sous 24 heures» à l’injonction de la Chambre, une fois qu’elle aura adopté la résolution l’exhortant à activer le 25e amendement.

«Notre prochaine étape consistera à avancer vers un vote dans l’hémicycle» sur l’acte d’accusation, a-t-elle poursuivi. «La menace que le président Trump fait peser sur l’Amérique est urgente, et nos actes le seront aussi», a-t-elle poursuivi. Soutenu par un vaste nombre de démocrates à la Chambre, l’acte d’accusation devrait être facilement adopté.

Mais le doute demeure sur le déroulement, et l’issue, du procès qui devra ensuite avoir lieu au Sénat, aujourd’hui à majorité républicaine. Les démocrates en prendront le contrôle le 20 janvier mais auront besoin du ralliement de nombreux républicains pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaire à sa condamnation.

Trump, «une menace»

«Je m’attends à ce que des républicains soutiennent la résolution» contenant l’acte d’accusation à la Chambre, a affirmé lundi aux journalistes l’un de ses auteurs, l’élu démocrate David Cicilline.

Les violences au Capitole relèvent d’une «tentative de coup d’Etat», a-t-il affirmé.

Selon cet acte, Donald Trump a encouragé ses partisans à marcher mercredi dernier sur le Capitole où Mike Pence, tenu par la Constitution, annonçait solennellement les résultats de l’élection présidentielle du 3 novembre. Une victoire de Joe Biden que Donald Trump n’a jamais voulu accepter.

Donald Trump «a incité le violences» et «a gravement mis en danger la sécurité des Etats-Unis», est-il écrit dans l’acte d’accusation.

Avec «sa conduite», le président sortant «a démontré qu’il continuera à constituer une menace à la sécurité nationale, la démocratie et la Constitution s’il est autorisé à rester en fonctions», poursuivent ses auteurs.

Trump au Texas mardi

Quelques élus républicains ont sommé dimanche Donald Trump de démissionner pour épargner au pays les complexités de la procédure d’impeachment comme du 25e amendement.

Longtemps fidèle du milliardaire républicain, Mike Pence n’a plus de contacts avec lui depuis mercredi. Mais il n’a montré jusqu’ici aucune volonté de déclencher ce dispositif.

Isolé à la Maison Blanche, évincé de Twitter et des autres grands réseaux sociaux qui veulent éviter de nouvelles incitations à la violence, Donald Trump pourrait s’exprimer lundi, selon la chaîne CBS.

Et il prévoit un déplacement mardi au Texas pour vanter sa politique d’immigration et la construction du mur frontalier avec le Mexique.

Le président élu démocrate Joe Biden prêtera serment le 20 janvier sur les marches du Capitole. Il s’entourera ensuite de ses prédécesseurs Barack Obama, Bill Clinton et George W. Bush au cimetière national d’Arlington pour lancer un appel à l’unité.

Le Capitole, siège du Congrès américain, était protégé lundi par des barrières et des membres de la Garde nationale patrouillaient à l’intérieur.

(AFP)