
Des mesures nouvelles telles que l’état d’urgence assorti de couvre ont été prises par les autorités étatiques pour lutter contre la propagation de la maladie du coronavirus. Des décisions que certains citoyens refusent d’appliquer estimant qu’elles sont en déphase avec les libertés des citoyens.
Pour Abdou D.K Ndao, socio-anthropologue, il y a une sorte de faillite des démocraties face à cette pandémie. Il constate, pour le regretter que partout les gouvernements ont des problèmes pour faire face à la complexité des discours publics. « L’autorité a été chahutée à travers cette crise et on le voit bien avec le couvre-feu qui s’installe ici et ailleurs. Certains en profitent pour confisquer les libertés démocratiques. Il y a une confiscation des libertés publiques. C’est presque un Etat policier qui est revenu. On dirait que nous sommes en guerre. Nous ne sommes pas en guerre. Tout cela relève de la politique politicienne. C’est avec le paludisme qu’on devrait être sur les logiques d’état d’urgence ou d’état de siège. Même si je ne dis pas que le Covid-19 n’est rien. On n’a pas le droit d’aller dans ces extrémités », a expliqué M. Ndao, invité de LR du Temps.
A son avis, il faut inverser le paradigme de la centralité violente de l’Etat. Il faut tenir compte de l’approche communautaire. Car, pense-t-il : « tant que nous ne responsabilisons pas les communautés, tant que les gens ne se rendent pas compte eux-mêmes que les questions les concernent, le problème restera entier ».
UNE DICTATURE ÉCLAIRÉE
Pour sa part, l’historien Abdourahmane Ngaidé rappelle qu’il a, dès le début de la maladie du coronavirus, écrit qu’on sera dans une sorte de dictature éclairée. Cependant, il ne considère pas les couvre-feux comme une sorte de confiscation des libertés individuelles. « On nous démontre que notre responsabilité individuelle est engagée. 2020 n’a pas disparu. Elle continue. Le ministre de la santé est devenu le centre nerveux de l’Etat. Il y a un changement profond qui signifie qu’on est dépossédé même de notre prise de décision puisque liée à quelque chose qu’on ne maitrise pas. Il ne faut pas que nos lits s’épuisent et que la possibilité de prendre en charge les malades critiques soient dépassés », analyse-t-il.
Par ailleurs, le socio-anthropologue est d’avis que ces mesures vont entraîner davantage les vulnérabilités des pauvres malgré les théories sur les résiliences. Il signale que les ménages souffrent et on ne peut continuer à rendre vulnérables ces franges importantes de la population. « La structure économique de notre pays est une structure informelle, donc une structure de rue. Les invisibles vont continuer à subir parce que les progressions de la maladie sont pessimistes », soutient-il. Abondant dans le même sillage, indique que le confinement demande un accompagnement et c’est l’Etat qui doit le faire. « Pour être confiné, il faut avoir accès à internet, il faut commander son riz, son pizza », dit-il non sans ajouter que cette maladie a démontré la profondeur de la fracture entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas.
A l’en croire, il a toujours soupçonné la résilience comme étant un élément qui nous affaiblit. « Il faut qu’on arrête la résilience et qu’on soit dans la production de nouvelles sociétés ».
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