
Le visiteur qui débarque à Diawara pour la première fois est frappé par les somptueuses et immenses bâtisses qui y sont sorties de terre. Cette commune du département de Bakel est l’une des rares du pays où viennent autant de français que de sénégalais, sinon plus. L’émigration est un trait de caractère spécifique à cette contrée du « Goye ». Les émigrés font presque tout mais, la voirie, l’assainissement et la santé demeurent des problèmes pour la résolution desquels les pouvoirs publics centraux sont sollicités.
COREDIA et la municipalité joignent leurs efforts
Diawara, ce village devenue une ville groupant 15 âmes, continue de grandir grâce aux nombreux investissements des émigrés ayant eu l’ingénieuse idée de créer l’association COREDIA (Comité de Rénovation de Diawara) il ya plus de 4 décennies. Depuis 2002, date de l’érection de Diawara en commune, COREDIA et l’institution municipale joignent leurs efforts pour améliorer le niveau de vie des populations. L’état civil est informatisé, un marché modernes en hauteur est en chantier, une tribune est construite au stade et des projecteurs installés, des écoles, un collège et un lycée modernes sont construits et équipés, une unité de potabilisation est installée et aujourd’hui elle transcende les problèmes d’accès à l’eau et l’on tend vers la construction d’un centre de santé compte tenu de l’augmentation rapide du volume démographique et ce, en partenariat avec la commune et le PAISD (Programme d’Appui aux Initiatives de Solidarité pour le Développement).
Des jeunes s’investissent dans l’agriculture mais ne sont pas encouragés par l’Etat.
Avec le concours de la municipalité, de plus en plus de jeunes s’investissent dans l’agriculture, l’élevage et la pêche. Il y a des mares et le fleuve et, pour les encourager à booster l’agriculture et à mettre en place des entreprises agricoles, des motopompes leur sont offertes par la mairie de Diawara tout comme des poussins pour ceux qui veulent exceller dans l’aviculture mais, les projets et programmes de l’Etat en la matière sont méconnues à Diawara. «Vous parlez ici de PADAER ou d’AGRIJEUNES ou d’ANIDA, les jeunes ne connaissent pas encore moins appuyés », a déploré le maire de Diawara Killé Sakho. Selon lui, si les moyens suivent, le département de Bakel pourrait constituer un grenier inestimable. M. Sakho de regretter que les aménagements de la SAED ne soient pas adaptées et qu’elles n’encouragent guère les producteurs à s’investir dans l’agriculture malgré les directives données dans ce sens par le chef de l’Etat lors de sa tournée économique. « Nous sommes dans un pays où les décréts de nomination semblent primer sur le suffrage universel car, nous avons du mal à comprendre que des instructions fermes soient données par le président de la République pour le développement de l’agriculture dans le département mais les fonctionnaires font ce que eux ont envie de faire », a martelé l’édile de Diawara
Un plan Marshall pour Bakel
Killé Sakho, le maire de Diawara, invitera l’Etat à revoir sa politique envers les populations du département de Bakel dont il dira « qu’elles manquent de tout, pistes praticables, hôpital même de niveau 1, assainissement, problèmes liés à la montée des eaux, programme de lampes solaires, PUDC et PUMA, rien », a-t-il fustigé, « comme si Bakel ne fait point partie du Sénégal », ajoutera-t-il avant de poursuivre « l’enclavement interne de ce département est à nul autre pareil. Quand il pleut, pas grand monde ne peut se mouvoir et cela dure depuis des lustres. Nos associations villageoises peuvent porter le développement mais, pour ces gros investissements, l’Etat central doit faire des efforts ». A Diawara, tous déploreront aussi que les travaux de construction du centre de formation professionnelle entamés depuis 2014 soient à l’arrêt. D’ailleurs une partie du mur de clôture est tombée et, comme conséquence logique, ce sont les ânes qui s’y réunissent.
Boubacar TAMBA





