Golfe d’Aden: Yémen: les Houthis ont progressé, le pouvoir accusé de blanchiment

 

 

Soutenu par l’Arabie saoudite, «le gouvernement du Yémen a perdu des territoires stratégiques au profit des Houthis et du Conseil de transition du sud (STC, séparatiste), ce qui va à l’encontre de la résolution 2216» sur une solution politique, note ce document remis vendredi au Conseil de sécurité de l’ONU et obtenu mardi par l’AFP.

Le blanchiment d’argent et des actes de corruption ont entravé «l’accès à des approvisionnements en nourriture pour les Yéménites, en violation du droit à l’alimentation», ajoutent-ils. Les experts précisent qu’un programme a été mis en œuvre par le gouvernement yéménite «pour détourner des fonds d’un dépôt d’argent effectué par l’Arabie saoudite». «423 millions de dollars d’argent public ont été illégalement transférés à des commerçants», ajoutent-ils.

«L’absence de stratégie cohérente parmi les forces anti-Houthis, démontrée par des luttes intestines en leur sein, et les désaccords entre leurs soutiens régionaux, a servi à renforcer les Houthis», estiment aussi les experts, pour qui «l’ampleur de l’aide extérieure aux parties au conflit au Yémen reste peu claire».

Ainsi, «les Émirats arabes unis sont membres de la Coalition pour restaurer la légitimité au Yémen (dirigée par l’Arabie saoudite), mais leur soutien au Conseil de transition du Sud sape le gouvernement du Yémen», relève le document.

Argent public

Pour leur part, les Houthis continuent de récupérer de l’argent public. Ils «collectent des impôts et autres recettes de l’État, dont une grande partie est utilisée pour financer leur effort de guerre», notent les experts.

Selon ces derniers, «pour financer leurs opérations, les Houthis ont détourné au moins 1,8 milliard de dollars en 2019, destinés à l’origine à remplir les caisses du gouvernement du Yémen, à payer les salaires et à fournir des services de base aux citoyens». «De plus en plus de preuves suggèrent que des individus ou des entités en Iran fournissent des volumes importants d’armes et de composants aux Houthis», indique aussi le rapport.

Plusieurs routes d’approvisionnement en armes ont été répertoriées en mer d’Arabie, précisent les experts. «Des armes et de l’équipement ont été transférés dans les eaux somaliennes et omanaises à de plus petits bateaux avant d’être livrés sur la côte sud du Yémen et acheminés en contrebande par voie terrestre vers les Houthis», expliquent-ils. «Le groupe d’experts n’a pas reçu la preuve que les autorités omanaises étaient complices de ces activités», selon le rapport.

Le conflit au Yémen oppose depuis six ans les Houthis, soutenus par l’Iran, aux forces loyales au gouvernement, appuyées depuis 2015 par une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite. Selon l’ONU, il a provoqué la pire crise humanitaire en cours dans le monde, faisant des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.

(AFP)