Différend autour d’une plateforme de transfert d’argent : La Banque agricole traînée en justice

 

 

Les responsables du Gie Ciadelta sont très remontés contre La Banque agricole. Abdoulaye Diagne, manager de cette structure spécialisée dans les activités de soutien aux entreprises, et ses collaborateurs accusent LBA de leur avoir chipé un projet de développement d’une plateforme de transfert d’argent et l’ont assignée en justice.

La Banque agricole ex-Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (Cncas) risque gros si les faits qu’on lui reproche s’avèrent. Lba qui finance l’essentiel des projets agricoles des producteurs de la Vallée et du Delta est traînée en justice par le manager du Gie Ciadelta, une structure spécialisée dans les activités de soutien aux entreprises, l’incubation agricole et l’accompagnement aux producteurs agricoles de la Vallée du fleuve Sénégal, qui l’accuse de lui avoir chipé un projet de développement d’une plateforme de transfert d’argent qu’il lui avait pourtant soumis pour obtenir son accompagnement.
Selon le manager de Ciadelta, Abdoulaye Diagne, qui faisait face à la presse à Saint-Louis, le différend qui l’oppose à LBA remonte à 2017, alors que son Gie accompagnait 260 groupements de femmes de 7 localités dans le cadre du projet de renforcement de résilience financé par Osiwa,  afin de leur faciliter l’accès à la terre, à l’énergie et à l’information sur les changements climatiques. A la suite de cette première expérience, explique-t-il, lui et ses collaborateurs ont pensé accompagner également ces femmes à avoir accès à un financement innovant.  C’est ainsi qu’ils ont mis en place une structure de transfert d’argent dénommée Agricash. Cette structure avait pour objectif de financer les femmes avec les revenus générés par ce nouveau système de transfert d’argent. Selon M. Diagne, sa structure avait pris par la suite la précaution d’acheter deux noms de domaines agricash.com et agricash.org le 7 mars 2017 auprès de la société Lws basée en France. Elle a ensuite signé dès le 13 mars de la même année, une entente de confidentialité avec la structure Korkel Technology pour le développement de l’application web et mobile de la plateforme agricash objet du litige. Cependant, poursuit le promoteur d’agricash, sa structure a approché au début du mois d’avril La Banque agricole au même titre que d’autres institutions financières en vue d’obtenir un agrément avant de déployer la plateforme, pour se conformer à l’instruction n° 013-11-2015 du 10 novembre 2015 de la Bceao régissant les modalités et conditions d’exercice des activités de transfert d’argent rapide dans l’Uemoa selon laquelle à l’exception des banques et établissements financiers de paiement habilités par la loi portant réglementation bancaire et des Sfd, aucune structure ou établissement ne peut exercer des activités de transfert d’argent, sans avoir été dûment agréé ou autorisé par une banque.
Dans le cadre de ces pourparlers, les responsables d’agricash soulignent avoir rencontré à Dakar le Directeur général de Lba, Malick Ndiaye, dans les locaux de la banque, afin d’échanger sur un éventuel partenariat. Des échanges d’emails ont bien eu lieu entre les deux parties dans lesquels LBA a d’ailleurs révélé avoir eu une première expérience pas concluante avec une structure spécialisée dans le transfert d’argent bien connue au Sénégal, mais serait prête à accompagner le projet, explique-t-il.
Néanmoins, révèle Abdoul­a­ye Diagne, au moment où il approchait d’autres institutions financières pour diversifier ses chances d’obtenir un partenariat, dans l’attente de la réponse de LBA, cette dernière déploie le projet agricash avec le même nom et avec beaucoup d’idées qu’ils y avaient développées, le 12 février 2020 pour son propre compte à leur grande surprise après avoir pris le soins de nommer son ancien directeur de la zone au poste de directeur du marketing. Approchée pour s’expliquer sur son attitude «fautive», la banque a cherché à rencontrer les responsables d’agricash, a fait savoir M. Diagne, qui a expliqué cependant, qu’ils ont décliné l’invitation et décidé d’ester en justice. Car non seulement ils ne pourront plus utiliser agricash comme plateforme leur permettant de développer leur initiative, mais également la banque les avait déjà doublés en déclarant la marque au niveau de l’Oapi.
La procédure suit son cours, selon le promoteur d’agricash, qui dit avoir subi un préjudice énorme au même titre que les femmes qui non seulement pouvaient utiliser la plateforme pour mobiliser des fonds pour des activités de transfert d’argent, mais pouvaient aussi faire des achats groupés et disposer de portefeuilles électroniques et de bien d’autres avantages.

«LBA attend tranquillement la décision qui sera rendue»
Selon le manager d’agricash qui a exhibé devant la presse toutes les pièces justifiant la création de la plateforme agricash ainsi que celles justifiant les échanges d’emails avec La banque agricole, la justice a été saisie pour dire le droit, mais l’opinion publique et les autorités à tous les niveau doivent également être sensibilisés sur ce qu’il considère comme une façon pour certaines institutions financières de barrer la route à ces initiatives innovantes qui normalement doivent être non seulement encouragées mais surtout soutenues.
Actuellement, les deux parties cherchent chacune de son côté à convaincre la justice du bien-fondé de ses arguments à travers surtout des conclusions adressées au juge par le biais de leurs avocats respectifs.
Interpellés par Le Quotidien, les responsables de la banque ont confirmé que «cette affaire est pendante devant la justice et Lba attend tranquillement la décision qui sera rendue».

LEQUOTIDIEN.SN