MÉTÉO DÉFAVORABLE, RARETÉ DU POISSON… SOUMBÉDIOUNE A LE VAGUE À L’ÂME

 

 

« Il y aura une houle dangereuse qui va intéresser le long des côtes sénégalaises. C’est une houle qui va atteindre les 3m de hauteurs sur la grande côte, l’axe Dakar allant vers Saint-Louis. Sur la petite côte et la côte casamançaise, la hauteur de la houle sera moins élevée qu’au niveau de la grande côte mais reste quand même une houle dangereuse de 2,5m. C’est une alerte qui va débuter à partir de vendredi vers 12h jusqu’au dimanche 14 février vers 12h, donc 48h ». Contre mauvaise fortune,bon cœur. Après l’alerte faite par l’Anacim, les pêcheurs s’en sont tenus aux recommandations.

10h16 à Soumbédioune. Quelques groupes sont formés par-ci par-là, des hommes discutent et rient entre eux.En cette période de pandémie covid-19, les gestes barrières ne sont pas très respectés ici. Dans certains des groupes trouvés sur place, le port du masque n’est pas très en rigueur et la distanciation encore moins.

Ils ne sont pas nombreux les hommes présents sur ce quai de pêche. La météo est passée par là.

Contrairement à Kaolack, où un grand manque de poissons est noté, à Soumbédioune la situation ne semble pas si alarmante. Dans un hangar, assis sur un congélateur qui ne semble pas fonctionné, habillé d’une chemise jaune, le masque bien relevé, Moustapha Séne est en pleine discussion avec quelques uns de ses collègues pêcheurs. Le chargé de communication des mareyeurs du quai de Soumbédioune nous fait savoir que la situation s’est améliorée chez eux. « Il y a une vingtaine de jours, nous vivions un manque de poissons. Etant donné qu’à chaque fois que la houle se tasse la mer ramène des poissons, nous arrivons à en avoir actuellement même si ce n’est pas en abondance ».

Manque de poisson rime avec cherté de ce dernier. C’est le constat fait au marché de Gueule-tapée. Ici, les vendeurs ayant disposé leurs marchandises sur des étals, sont tous occupés à les écouler. Dans le couloir menant aux poissonnières, un vendeur d’oignons s’applique à en trancher plusieurs qu’il met ensuite dans des sachets pour les vendre, une tâche de moins pour les femmes qui viendront s’en procurer. A côté de lui, se tient une femme portant dans ses bras une petite fille. Sa tête nichée dans un bonnet violet, habillé d’un t-shirt gris et d’un pagne en wax, elle est en pleine marchandage avec une autre dame.

Sur sa table, il y a des variétés de poissons parmi lesquels un, vaut 8.000 frs marchandable jusqu’à 5.000 frs, un prix qui n’arrange guère la cliente. Interpellée sur le prix élevé du poisson, Ndèye Lô Thiam s’explique, « le poisson se fait rare. Les pêcheurs semblent avoir compris les dangers liés à la pêche lors d’une montée de la mer à certains niveaux, c’est pour cela qu’ils ne se risquent plus à braver certains dangers. Et naturellement, s’ils ne vont pas en mer, nous n’aurons pas de poissons et cela se répercute sur le prix des poissons. La caisse qui coûtait 80.000 frs est maintenant à 110.000 frs ».

Même si le climat actuel ne favorise pas une pêche abondante, les pêcheurs ont aussi leur part de responsabilité au même titre que l’Etat selon les dires de Pape Ousmane Ndiaye. Pratiquant cette activité depuis près de 15 ans, ce pêcheur fustige ses collègues ainsi que la politique mise en place par le gouvernement, une politique qui ne les aide ni ne les soutient.

« L’Etat et les pêcheurs ont une très grande part de responsabilité sur la rareté des poissons. Il y a beaucoup de gaspillage. Ce qui doit être et peut être pêché pendant 10 ans, nous nous le procurons en 4 ans. Les filets interdits à la pêche sont encore utilisés ici et personne n’en parle. Tant que nous n’échangeons pas cette attitude, nos ne pourrons nous en prendre qu’à nous-même ».

Malgré que la situation ne les enchante guère, les pêcheurs disent s’en remettre à Dieu et comptent s’en tenir aux recommandations faites afin d’éviter les accidents en mer.

emedia