AMADOU MAKHTAR MBOW, LE 100e RUGISSANT

 

M. Amadou Mahtar M’Bow, dont la contribution particulièrement discrète, mais déterminante à la consolidation de la démocratie sénégalaise, soufflera sa 100e bougie dans une semaine. Retour sur une vie d’engagement d’un homme de consensus. À travers une série d’articles, d’images et de témoignages, Emedia, vous plongera pendant toute la semaine d’anniversaire, sur le cahier de souvenirs de ce patriarche.

À 100 ans, Amadou Mahtar Mbow, né le 20 mars 1921, dispose d’un curseur très mobile, témoin d’une vie remplie. Homme d’Etat, insoumis, rebelle, « réclamant sans cesse et de manière résolue, la dignité pour les Africains », le Sage a été de tous les grands combats pour l’Afrique, sa culture, sa démocratie.

Très tôt, lui qui a participé à la Première Guerre mondiale à l’âge de 18 ans, a été un des leaders des grands combats pour l’Afrique. Membre actif de la F.E.A.N.F (Fédération des Étudiants d’Afrique noire francophone), un syndicat étudiant dont le combat fut pour l’indépendance immédiate de l’Afrique. son activité syndicale intense lui a valu alors d’être exilé, par les autorités coloniales, à Rosso en Mauritanie. Ce ne fut pas son dernier combat pour autant, mais ses batailles les plus âpres ont été menées pour l’éducation, la culture et la démocratie.

Amadou Mahtar a produit entre 1953 et 1957 diverses enquêtes qui couvrent des villages représentatifs du Sénégal. En 1958, avec Abdoulaye LY et Assane SECK (1919-2012), autour du Parti du Regroupement Africain, (P.R.A), Amadou Mahtar M’BOW réclame l’indépendance immédiate du Sénégal, et refuse donc l’autonomie interne. Sa production intellectuelle entre 1963 et 1970 couvre également des questions d’histoire et d’éducation, ainsi que de grands dossiers sur l’Afrique.

Sa carrière professionnelle, fortement marquée par un passage de 13 années à la tête de l’UNESCO (1974-1987), en pleine guerre froide, aura été pour lui une occasion de faire entendre la voix des opprimés, à travers une plaidoirie pour plus de justice, d’égalité et de fraternité, dans une société internationale fondée sur le multilatéralisme et le respect des différences. C’est ainsi qu’il a produit, notamment, des contributions déterminantes sur le nouvel ordre économique international, la solidarité des nations, le temps des nations.

Dans son blog, destiné à l’échange en politique, littérature, histoire, faits de société et le bien-vivre ensemble, M. Amadou Bal BA partage les grandes lignes de l’ouvrage d’Amadou Mahtar Mbow, « Le temps des peuples », qui recense ses principaux discours et ses combats à l’UNESCO pour faire entendre la voix des pays du tiers-monde. « Les thèmes abordés sont variés, détaille M. BA : le monde et la solidarité, problèmes d’hier et d’aujourd’hui, les périls, races et racisme, les droits de l’homme, colonialisme, la paix et le désarmement, le développement, la culture, l’Afrique en changement, le nouvel ordre économique international, l’information, la communication, la préservation du patrimoine de l’humanité, la vocation de l’UNESCO. M. M’BOW avance que « Le temps des peuples » ne serait pas alors seulement celui dont disposent les uns pour « envahir l’aire culturelle et de communication » des autres, mais aussi celui qui permet d’aboutir à ce rééquilibrage de la société internationale, dans le sens de la justice et de l’égalité. L’UNESCO étant devenue la tribune des peuples opprimés, cela n’a pas manqué d’agacer, très fortement l’Oncle Sam. »

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